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Préambule
L'an dernier j'avais vécu ce qui reste à ce jour ma plus grande émotion de coureur en terminant mes premiers 100 miles, la ronde de Nutons dans la liesse d'un accueil chaleureux et l'émotion liée à la tâche accomplie et à l'aspect hors norme d’une telle course.
Cette émotion unique, si agréable ou s'entrecroisent pêle-mêle douleur physique, chaleur humaine et images de ceux qu'on aime, j'en serai quitte désormais pour tenter de la retrouver pour le reste de mes jours.
Un des meilleurs moyens pour cela, consiste à retourner sur les terres torrides de nos cousins Belges les Coureurs Célestes. Après tout c'est bien grâce à eux, leur passion, leur enthousiasme, leur chaleur humaine... que tout s'était passé comme cela en 2006.
Aussi, à peine la nouvelle, qu'une édition 2007 d'un nouveau 100 miles organisé par les Coureurs Célestes, circule, je signale mon intérêt d'y participer.
Je pense même être un des tous premiers à m'être préinscrit à la Tournée des Tourbières. Il faut dire qu'un évènement de cette nature dans le milieu de l'ultra, ça ne se rate pour rien au monde.
En 2007, c'est décidé cette Tournée des Tourbières sera un de mes principaux objectifs, les deux autres étant l'UTMB et le GRR. Au niveau de l'objectif je me suis fixé un temps de moins de 22H, logique avec plus de 1500m de d+ annoncé par rapport à l'édition 2006 et mon temps de 21H02mn.
Aucune stratégie de course n'est envisagée mais je souhaite de prime abord ne pas me griller et partir lentement histoire de refaire le coup de 2006 avec une accélération sur les 25 derniers kilomètres. En fait je ferais exactement le contraire ;-))
A part une entorse au genou début février, la préparation 2007 s'effectue correctement et c'est fin prêt, que je me présenterai le samedi 26 juin 2007 à Xhoffraix.
Au niveau du poids j'ai bien rattrapé mon retard et je suis à 77,5kg soit à peine 700 g de plus que l'an dernier pour la RdN, c'est bien plus qu'à l'UTMB 2006, mais pour la saison tout baigne.
D'ailleurs la veille, lors d'un repas avec Olivier91 dans un de ses restau japonais favoris, je lui annonce être en forme.
C'est bien le cas, je le sens, d'ailleurs sur mon fichier d'entrainement la dernière note, un peu laconique, du 24/05 indique "Prêt! Espérons que ça ne soit pas qu'en rêve ;-)"

Avant Course:
J'ai pris soin de préparer mes ravitos perso avant d'être sur place cette année. En fait il y a 6 ravitos et on peut laisser un sac à chaque ravito qui sera acheminé par les GO. Le premier ravito sera zappé, trop prêt du départ pour y mettre quelque chose que je ne pourrai trainer depuis le début de course.
Ma petite expérience de ce genre de distance m'a tout de même appris qu'un des éléments clés de ce genre d'épreuve et outre la préservation des pieds, l'alimentation. En la matière une chose est sure: on ne sait pas ce qu'on pourra avaler après 50km, souvent l'organisme n'accepte plus rien de solide.
Aussi, je me suis appliqué à mettre dans chaque ravito: une canette de Coca, une compote en tube ou des pruneaux, un sachet de boisson énergétique et des bonbons arlequins. Sur certains ceux du 50km 100km 137km, j'ajoute des gels. Je place ma grande frontale au ravito du 50km, je porte la Tikka sur moi dès départ.
Pour le 100km, seul ravito où j'ai prévu de m'attarder, je positionne une paire de chaussure du matos de rechange un gâteau de riz, des cacahuètes de l'Elasto et une poche à eau pour la sécurité.
Au niveau du sac: un coupe-vent, une couverture de survie, un sifflet, 4 euros, du pq, le portable, de l'Elasto, 1 sachet de boisson énergétique de secours, 4 gels, 1 barre de spiruline, la poche à eau pleine de Powerade, cacahuètes, un lecteur mp3 (inutilisé mais j'adore le promener), des bonbons, 4 morceaux de glucose, 4 Sporténines et le fameux road book de Luka et Mercator.
Pour la tenue que du classique aux pieds Salomon Xa Pro 3d, mon collant long et mon T-shirt fétiche Eider. J'arrête là la pub mais en général cela me réussit plutôt bien sur le très long.
J'ai un peu exploré le profil de la course et l'écart kilométrique entre les différents ravitos, mais je n'ai pas étudié plus en détail le parcours. De toute façon moins j'en sais, mieux je me porte sur ce genre d'épreuves ;-))

Arrivée sur site:
Dès l'arrivée à Xhoffraix, prononcez "au frais", je retrouve Paulo et LePiou et surtout l'ambiance chaleureuse de 2006, dans une salle de restaurant-bar qui jouxte le terrain de foot. P'tit Loup me donne le fameux Road Book et le dossard.
On prend notre petit repas avec Paulo et Isabelle une bonne plâtrée de pâte il doit être 14H30 c'est parfait la digestion sera bien entamée lors du départ.
Puis les retrouvailles reprennent avec quelques Célestes et autres Ufos, ça discutaille dans tous les sens. On m'offre déjà une bière, ça commence bien ;-)) Mais bon pour ne pas me griller, je me dis que c'est la dernière avant la course de toute façon cette année, j'ai prévu de dormir sur place alors des bières, j'aurais tout le loisir d'en boire une fois l'arrivée franchie.
Je sors de la salle retrouve Ysolo, Xavier et un acolyte sont déjà installés sur le terrain de camping UFOs. Paulo et Isabelle s'installent, je décide d'en faire autant. Ça sera déjà ça de moins à faire à l'arrivée. Arrivent Manu et Sandrine, Sandrine nous annonce qu'elle sera forfait. C'est dommage mais c'est sage, on ne se lance pas sur ce genre de course avec des bobos au risque de voir la situation s'aggraver sérieusement.
Finalement Irwing arrive et s'installe lui aussi sur le camping. A une heure du départ je décide d'enfiler ma tenue et d'achever la préparation et la vérification du sac. Plus que trente minutes et nous sommes tous dans la salle pour écouter religieusement les GO nous briefer sur la course et les principaux points critiques. Ça s'annonce bien pour l'instant, il fait beau mais ce n’'est pas ce qu'on nous annonce pour la course. Il pourrait y avoir des orages, et là cela ne me rassure guère...

Départ-Premier ravito: la balade des gens heureux
Le départ s'effectue en compagnie de Manu et Irwing nous partons dans les quinze. Le premier kilomètre et demi est plat, l'allure est lente et le temps passe vite car nous discutons joyeusement. Le temps est magnifique, rien dans ce tableau n'indique les épreuves auxquelles nous serons confrontés dans les prochaines heures.
Nous nous amusons du fait d'être encore à quelques mètres des premiers au bout de 10mn. Il faut dire que devant il y a quelques pointures dont Raphaël Brabant vainqueur 2006, Wouters Hamelink (P'tit Yeti) multi vainqueur de trails en France comme en Belgique, Bernard Godon alias Pdm (3ème en 2006), Amar Cherchari (4ème en 2006) plus tous ceux qui sont positionnés avec eux et que je ne connais pas.
Après la portion plane suit une grande descente vers une rivière ou nous rejoignons le parcours de ce fameux GR56 que nous devons intégralement boucler. Sur cette partie et pendant les 13 km qui suivront, le terrain est souple, sablonneux, nous évoluons sous des pins.
La première montée intervient, le cardio m'indique que tout va bien, je me suis fixé de ne pas dépasser les 170 et suis bien en dessous sur cette portion. Sans m'en rendre compte, j'ai un peu distancé mes deux compagnons du départ et me retrouve aux alentours de la 10ème position. Le rythme est relativement tranquille et je profite du magnifique paysage qui nous est offert.
Sublime ces gorges, dont on ne pouvait soupçonner la présence en arrivant à Xhoffraix. Bernard Godon nous montre un château sur l'autre rive, il semble connaître le parcours comme sa poche et je me dis que ce serait pas mal de prendre sa roue le temps que je peux.
Ça discute pas mal et je me calle derrière Wouters qui me paraît super facile mais surtout le plus régulier. Devant cela accélère, un illustre inconnu, tout de rouge vêtu est parti, Raphaël Brabants est le seul à se décider de lui emboiter le pas.
On finit par rejoindre un plateau et sortir de la forêt, le paysage devient champêtre, parfois résidentiel. Nous retrouvons quelques enfants Célestes qui participent à leur course et qui nous emboitent le pas. Devant Raphaël se retourne sans cesse, on dirait qu'il attend tel un cycliste parti devant le peloton qu'un bon coureur vienne le soutenir, il n'en sera rien.
Ça commence à me faire drôle, cela fait une heure qu'on est parti et je distingue encore la tête de la course. Je ne m'inquiète pas de cela, bois et m'alimente régulièrement. Finalement les premiers ralentissent et suite à une pause pipi généralisée. Je ne sais pas si c'est une mode en Belgique, mais quand y 'en a un qui y va, tout le monde s'arrête et y va. Ne connaissant pas les coutumes locales, me voici propulsé en tête de la course.
Une première pour moi et plutôt gêné, je ralenti l'allure pour attendre les cadors. Sandrine est là, dans une fameuse descente bien raide au milieu de laquelle on trouve des marches énormes, pour immortaliser cela ;-)
Finalement, au bas de la descente le petit groupe d'une dizaine de coureurs se reforme pour entrer triomphalement dans Malmedy. Là, quelques applaudissements nous sont adressés, la traversée est rapide.
Dès la sortie on emprunte une route et là c'est l'attaque de Raphaël qui comme le pressentait Bernard quelques minutes avant profite de la pente pour s'extraire facilement du groupe. Personne ne tente de le suivre. Nous sommes encore 10 dans ce petit groupe qui suit.
Cette portion est majoritairement goudronnée et nous circulons dans un paysage de campagne plutôt classique rien d'exceptionnel à voir.
Devant, au bénéfice d'un passage en sous-bois, le rythme accélère, Amar puis PDM, immédiatement suivis par Cédric et Wouter. Je fais l'élastique, me fait distancer en descente et recolle en montée.
Au bout d'un moment, je commence à légèrement me faire distancer mais tente de rester à distance acceptable, on ne sait jamais.
Peu après Ligneville, je recolle au groupe qui apparemment court par à-coups, car je n'ai pas accéléré. Sur la portion montante de passage au-dessus de l'autoroute, je me rapproche de PDM et distance mes acolytes. Mais, je fini par me faire distancer à nouveau par Amar, PDM, Cédric puis Wouter après avoir franchi l'autoroute.
Là aussi ca a accéléré franchement, bien trop pour moi, je sens un coup de moins bien. Finalement c'est l'arrivée au premier ravito où je retrouve presque tous mes camarades qui se ravitaillent. Sandrine m'aide à remplir ma poche à eau me demande comment je vais.
Je lui indique que ce n'est pas la forme, d'autant plus que le tonnerre commence à gronder, et que le ciel s'assombrit sensiblement. Je décide de ne pas trop trainer et repart avant Cédric et Wouter qui décidément est vraiment cool, même aux ravitos ou il ne se stresse pas le moins du monde.

Premier ravito - Deuxième ravito: le déluge
A peine reparti, la pluie commence à tomber dru et l'orage se fait de plus en plus menaçant. La route monte, je me retourne, Cédric est quelques dizaines de mètres derrière.
Nous virons à droite et là le vent se déchaîne, je suis de moins en moins rassuré, ca commence à bien péter et être dehors me branche moyen. Finalement Cédric me dépasse, je me mets à marcher et me demande s'il ne vaut mieux pas que je m'abrite. Un peu plus loin j'aperçois un bois, mon prédécesseur y entre aussi je me décide à continuer, on verra tant qu'on est dans le bois cela m'inquiète moins.
Comme tout le monde je suis détrempé et j'ai sensiblement ralenti l'allure je trottine et marche, je ne suis pas pressé de sortir du bois. J'en profite pour entamer une barre de Spiruline. Soudain à un moment où je cogite pas mal, Wouter surgit, je lui fais part de mon stress et là il me sort the phrase qui m'a poussé à le suivre. "Tu sais on est tout petit par rapport à ce qui nous entoure alors ça ne craint pas grand-chose".
Je cogite, recogite tout en m'accrochant à lui. Cela tombe de plus en plus prêt, il s'amuse à compter, m'indique tiens 600m tiens 900M... Le bruit est de plus en plus conséquent et rapproché des éclairs, ça ne me rassure pas. Lui a l'air serein mais ne chôme pas. Je regarde mon cardio et là, stupéfaction je suis au-dessus de 180bpm. Après avoir viré sur la gauche près d'une auberge bien tentante, on finit par sortir du bois. A ce rythme nous finissons par rattraper successivement Amar, Cédric et PDM.
On a dû aller vraiment vite sur cette portion. Les paysages des kilomètres qui suivent sont plus champêtres mais le terrain redevient goudronneux. Et comme ça pète toujours autant mais qu'on est à découvert, je courre courbé tant et si bien que Wouter me dit que si je continue je vais avoir mal au dos. Je dois avoir l'air bien ridicule mais ça me rassure un peu de me tasser. Devant Raphael se trouve toujours seul et hors de vue, l'orage a réduit la taille du groupe de chasse, désormais réduit à 5 poursuivants: PDM, Amar, Wouter, Cédric et bibi.
Ce groupe s'étire et se resserre au gré du relief et des accélérations de Pdm décidément l'homme en forme. C'est un plaisir de courir dans ce groupe et à mesure que l'orage s’éloigne je me sens mieux, presque bien. Au niveau alimentation je prends un gel, au cas où, car ça avance vite et ce n'est pas le moment de coincer. Mon nouvel objectif est de rester avec mes compagnons jusqu'au prochain ravito.
Nous finissons par atteindre groupés Saint Vith, désormais la pluie c'est bien calmée, notre traversée passe inaperçue, les passants ne nous prêtent pas la moindre attention. A peine sorti, ça remonte, Wouter nous indique qu'il fait une pause, nous continuons au même rythme. Le terrain est vallonné mais désespérément goudronné.
Je commence à sentir une gêne sous la voute plantaire au pied droit, les frottements surement. Je profite de la position en retrait de Wouter et Amar pour m'arrêter et vérifier l'état de mon pied gauche. Rien de grave mais il va falloir mettre de la vaseline voire un Elasto, on verra cela plus tard. Des vaches s'effraient de nous voir passer et partent au galop, pourvu que le lait ne tourne pas. Le groupe se reforme mais sous l'impulsion de PDM qui accélère encore le rythme, nous avons tous de plus en plus de mal à garder la roue, des écarts minimes s'établissent et s'accentuent dans la montée qui précède le ravitaillement.
Le ravito est proche Iron nous accueille dans un petit village, nous indique qu'il nous reste environ 500m de descente avant le ravito. J'arrive au ravito après avoir perdu quelques longueurs sur PDM mais avant le reste de mes compagnons. Je salue les bénévoles qui m'annoncent en 3ème position. Raphaël serait passé il y a une bonne dizaine de minutes. J'en profite pour m'alimenter: une compote, un coca, une soupe, le plein de la poche à eau de la nok au pied gauche. Je prends ma grosse frontale, conserve la tikka en sécurité. Je refais le plein de gels et de pruneaux puis décide de repartir en compagnie de Wouter qui est prêt.

Deuxième ravito - Troisième ravito: duo nocturne avec Pdm
Rapidement PDM nous rattrape, il discutait tranquillement avec des potes au ravito et ne nous a pas vu partir. Rapidement il redirige l'allure du petit groupe. Wouter prend des nouvelles du FC Bruges qui vient apparemment de gagner 2-0 pour son plus grand bonheur. La nuit est bel et bien tombée maintenant. Nous passons devant un magnifique château que nous contournons en descendant des escaliers particulièrement glissants. Puis au moment où nous rejoignons la route j'aperçois Sandrine dans sa voiture elle nous regarde mais ne me reconnaît pas, nous nous enfonçons dans la nuit.
Wouter nous indique qu'il s'arrête à nouveau, peut-être des problèmes gastriques? Bernard et moi continuons, nous traversons un village puis entamons une descente raide. Avant de rejoindre un vallon. Bernard m'indique qu'on en a pour 10km de plat assez monotone, qu'il faut en profiter pour bien avancer et comme la nuit est tombée le paysage est moins attrayant. Cette portion me paraît interminable heureusement que Pdm me tiens un peu la discussion, pour ma part je suis peu loquace.
Nous passons sous une immense arche, Bernard m'indique qu'il s'agit de l'autoroute, c'est un édifice impressionnant vu d'en bas. Bernard m'explique qu'il reste trois grosses bosses avant le prochain ravito. Assez rapidement nous nous retrouvons sur la première, le goudron domine toujours et mon pied gauche me fait de plus en plus mal. Je décide que de mettre de l'Elasto au prochain ravito. La première butte se passe plutôt bien et nous redescendons rapidement vers un village. Désormais le ciel est parfaitement dégagé et un croissant de lune éclaire la contrée.
Nous remontons sur l'autre versant à découvert la pente est correcte puis s'adoucit lorsque nous finissons par rejoindre puis longer la lisière d'un bois. Sur cette portion Bernard me distance à la marche et à deux ou trois reprises je le rejoins en courant. Derrière je me retourne pour voir si un concurrent nous suit de près, mais apparemment ce n'est pas le cas. La visibilité n'est pas énorme vers les fonds de vallons sont brumeux, sur les crêtes où nous sommes, le ciel est limpide. Nous finissons par redescendre vers un nouveau village Schonberg, là des bénévoles nous indiquent de tourner à gauche alors que nous cherchions notre voie.
Au sortir du hameau, le chemin commence à monter. Il s'agit de la dernière difficulté avant le ravito. Nous entrons à nouveau dans un bois, un panneau nous indique ravitaillement 500m, c'est bon signe. A peine arrivé, je récupère mon sac. L'accueil est chaleureux, les bénévoles sont aux petits soins. Ils nous annoncent un gros quart d'heure de retard sur Raphael. Je m’assois pour m'alimenter, une soupe, un coca, une compote. Puis je me mets de l'Elasto au pied gauche, il était temps cela commence à ne plus être très joli. Bernard m'attend, je remplis ma poche à eau et lui indique qu'il peut partir, je le rejoindrai. Il me fait part de son étonnement de ne pas voir Wouter, moi aussi ça m'étonne.
Je souhaite bon courage à nos gentils samaritains qui me souhaitent la même chose.

Troisième ravito - quatrième ravito: promenade nocturne solitaire
Je
repars une trentaine de seconde derrière Pdm. Mais à peine ai-je fais 100m que mon dos est trempé. Ma poche à eau est mal fermée. Une première tentative de refermer la poche échoue, j'ai de l'eau qui coule encore. Je m'arrête à nouveau et fini par tordre le cou à ce problème.
Malheureusement j'ai dû perdre 2-3 minutes au total et je ne vois plus la frontale de Bernard. Au loin on aperçoit des lumières rouges alignées, des éoliennes certainement. C'est chouette de courir la nuit me dis-je. D'autant plus que je suis plutôt en bonne forme, mieux qu'au 25ème km
Je rejoins en descendant un village ou le parcours part à gauche dès l'entrée, ça descend, puis après avoir traversé un ruisseau nous entamons une énième montée. Nous redescendons vers un vallon assez large entouré de pâturages ou coule une rivière que nous longeons, ne la distinguant pas, mais la devinant sur notre droite. Je n'ai toujours pas vu de lumière de frontale depuis le dernier ravito, quand soudain je vois un peu plus loin se dirigeant sur la droite une lueur de frontale, au faisceau un peu rosé, il s'agit de celle de Pdm.
Il n'est pas très loin, c'est bon signe, ça veut dire que je tourne pas mal et ne perds pas trop de temps. Il est vrai que je courre quasiment en permanence, exception faite des pentes trop raides. La relance voilà bien le leitmotiv de ce début de course, ce qui est bien c'est de pouvoir le faire et aujourd'hui la chance est avec moi, car cela se passe pour le mieux. J'avais prévu d'arriver au ravito des 100km en 12H-12H30, à ce rythme, il m'en faudra beaucoup moins. Le moral est bon, mais je n'oublie pas de m'alimenter et de boire.
Quelques centaines de mètre plus loin le parcours bifurque sur la gauche pour franchir la rivière par une passerelle. Voilà pourquoi j'avais aperçu la frontale de Bernard, il doit avoir 3 à 5 minutes d'avance sur moi. Le chemin s'enfonce dans un sous-bois, la pente se durcit. Finalement nous débouchons sur un plateau au sortir du bois. La visibilité est nette et je vois loin devant moi mais pas de Pdm en vue. Les vaches qui m'entourent sont circonspectes devant mon passage. Je fini par rejoindre une route goudronnée et qui j'aperçois, Sandrine dans sa belle voiture.
Elle n'est pas seule, Manu a abandonné, Sandrine m'annonce une véritable hécatombe seuls Paulo, Irwing, Tm et Xavier seraient encore en course chez les Ufos. Isabelle, Ysolo,... ont aussi dû se résigner à abandonner. Les conditions météos y sont forcément pour quelque chose me dis-je, c'est dommage quand on sait ce que représente une telle course comme rêve et comme préparation. Finalement, nos parcours se séparent car le GR quitte le grand axe en filant discrètement sur la gauche. Sandrine et Manu me donnent rendez-vous au ravito du 100ème.
Le chemin descend légèrement sur une route goudronnée puis remonte en pente douce, j'ai un petit coup de moins bien alors je me décide à marcher et entame mes cacahuètes.
L'air est doux je trouve et il n'y a pas de vent, ça fait du bien. La clarté de la Lune accroit cette sensation de bien-être. Le parcours redescend et nous rejoignons un nouveau Vallon et son chemin. Cette portion est plate et en faux plats montant j'en profite pour relancer. Je rejoins une route puis un carrefour. Là j'hésite un peu part à droite mais reviens vite sur ma décision et fait demi-tour. C'est la première petite erreur, pour l'instant, j'avais trouvé le balisage nocturne parfait.
Le chemin longe un grand axe puis on vire à droite pour passer un peu plus loin sous une voir ferrée. Dès lors le parcours chemine dans des sous-bois pendant pas mal de temps, cette dernière montée avant le ravito 4 est longue mais on l'achève en traversant un axe routier. Je me dis que le plus gros est fait mais je trouverai la descente bien plus longue encore.
La descente est très lente, le parcours longe la lisière d'un bois et sur la gauche la lune laisse deviner un paysage de landes. C'est assez joli mais la lassitude me gagne et le temps passe lentement. Car le parcours maintenant ondule ça monte légèrement puis ça descend, en plus je ne vois pas la moindre lueur au loin. Finalement je rejoins le goudron puis le ravito en environ 10H36. Sans aucun doute mon 100km le plus rapide.
Là, je suis accueilli comme une star, les applaudissements fusent, Manu et Sandrine sont là aux petits soins avec moi. Je croise rapidement PDM qui repart, vraiment j'ai bien tenu. Il faut que je reste concentré sur ce que j'ai à faire. La salle de ravito est un énorme hangar au sol de la terre battue, rapidement j'aperçois mon sac que je saisis puis repère un banc sur lequel je passerai l'essentiel de mon temps ici. On me demande ce que je veux, j'indique vouloir une soupe. J'avale ma compote et un Coca, puis mon gâteau de riz.
Je fais le plein de vivre, il faut dire qu'au prochain ravito je n'ai rien mis comme vivre de course. Je décide de ne pas me changer. Je finis par avaler la soupe. Manu et Sandrine m'assistent et discutent, je suis peu loquace, concentré mais leur soutien chaleureux et leurs paroles me font du bien.
Au moment de remballer je casse la poche supérieure de mon sac, changement de programme, à regret, je suis obligé de laisser le coupe-vent sur place. Je découpe une bande d'Elasto pour en cas de besoin être en mesure de changer la bande de mon pied droit; car je ne pourrais pas transporter tout mon matos. Après qu'on m'ait offert un verre de Coca.

Quatrième ravito - cinquième ravito: rencontres matinales avec la faune germanique
Je salue la salle que je quitte et repars dans la nuit. Sandrine m'indique que le parcours est sur la gauche, il faut que je rejoigne la route. Les cannes sont dures et comme j'ai lu sur le profil que juste après il y avait une grosse montée, je continue à marcher. La montée n'est pas aussi rude que prévu alors je relance en trottinant et ça repart, dans un paysage de bocage.
Il fait toujours nuit, mais on sent le matin arriver, les oiseaux piaillent et les premières lueurs transpercent un ciel qui s'est couvert de gros nuages. Le parcours file relativement droit d'abord à travers des près puis se rapprochant d'une forêt de pins. Nous rejoignons un croisement le chemin est coupé d'une barrière rouge et blanc. Je contourne la barrière nous entrons dans une forêt de pins magnifiques, la route est rectiligne sur au moins 1 ou 2 km je tente d'apercevoir mon prédécesseur mais rien personne à l'horizon.
Cette portion est plane, alors j'accélère un peu le rythme, histoire que ça passe plus vite. La clarté s'étend et je distingue désormais très nettement les arbres, elle est magnifique cette forêt. Au bout de cette interminable ligne droite, je me retourne pour voir si un coureur me suit de près, personne. Le chemin vire à gauche et descend en pente douce. Mes pieds font un peu mal, mais je suis soulagé d'avoir mis de l'Elasto sinon je n'ose imaginer ce que j'endurerai maintenant. Après cela remonte pendant quelques minutes, puis, je sais qu'il ne me reste plus qu'à descendre pendant huit kilomètres.
Le paysage est sympa mais cette descente est très longue. On est sur un chemin caillouteux à notre droite se dresse un versant abrupte de pins et à gauche la vue est plus dégagée, la forêt couvre tous les sommets alentours. Nous finissons par joindre et suivre un vallon, la vue se dégage à gauche, et nous finissons par longer une rivière. Le parcours est parsemé de banc et d'écriteaux en allemand. Maintenant je dois avoir rejoint la frontière allemande.
Peu d'évolution quant aux perspectives visuelles sur cette portion mais c'est bien beau cela me rappelle un peu les Pyrénées au-dessus de Cauterets en allant à la fruitière.
Je suis de plus en plus étonné de voir de ci de là des bancs alors que ça commence à faire une trotte que je courre et je n'ai même pas aperçu une route. Soudain je lève les yeux et à peine 100m plus loin sur le chemin un Sanglier vient de descendre du versant abrupte. Je m'arrête net. A peine m'aperçoit-il qu'il retourne dans la forêt. Je reprends ma route mais je ne peux m'empêcher d'espérer qu'il soit bien parti, je ne me vois pas faire le guignol avec un sanglier aux fesses en cette heure matinale. Plus j'approche du lieu où je l'ai aperçu plus je regarde sur la droite pour vérifier qu'il a bien disparu et n'est pas allé chercher toute sa tribu.
Heureusement, il s'est bien définitivement évanoui. Une bonne dizaine de minutes plus loin, je finis par rejoindre une route, vire à gauche toute pour emprunter la dernière difficulté qui précède le ravito 5. Je profite du début de cette montée pour m'alimenter sérieusement en cacahuètes pour éviter les crampes. Au détour d'un virage j'aperçois un daim qui boite et disparaît clopin-clopant dans la forêt.
Le tracé emprunte un large chemin, la montée n'est pas aussi dure que je le pensais, ça monte très régulièrement et la pente ne doit pas excéder les huit pour cent. Je marche et profite du panorama qui prend de l'ampleur. Plus haut la portion devient rectiligne au loin, j'observe un troisième gros gibier: une biche elle aussi est pressée et s'évanoui. Je passe devant une voiture isolée puis fini par rejoindre un axe routier important. Je traverse la route puis replonge dans la forêt. Cette partie est plane et agréable mais je manque de me planter et revient sur mes pas pour emprunter un chemin qui virait à gauche. Je rejoins la route et là pareil, je ne sais pas trop de quel côté tourner.
Décidément je vais devoir prendre le road book maintenant car le balisage est plus ligth. Finalement j'opte pour la droite car la logique aidant je viens de la gauche, et hop bon choix. Je rejoins une camionnette que j'imagine être le ravito, bingo! Par contre personne je fais le tour pour vois si il y a quelqu'un, reviens sur mes pas pour récupérer mon sac. Un bénévole est assoupi à l'arrière de la camionnette. Je fais un peu de bruit, finalement il se réveille puis son acolyte arrive. Ils m'indiquent que je suis 3ème et que les autres sont passés il y a pas mal de temps. J'absorbe mon coca, et emplis ma poche à eau de l'Overstim qui était dans mon sac auquel j'adjoins de l'eau pour faire le plein.
Les bénévoles me proposent gentiment une soupe que j'accepte volontiers. Ils m'indiquent aussi que derrière les écarts commencent à se faire et que j'avais à peu près 30mn d'avance sur mes poursuivants. Pas énorme sur ce genre de course. Après les avoir remercié de l'accueil, je repars en trottinant. Un des bénévoles m'a annoncé 7km de descente.

Cinquième ravito - sixième ravito: les errements d'un coureurs plus vraiment lucide
Je quitte ce ravito d'une démarche peu souple, cet arrêt m'a un peu meurtri et le démarrage et difficile. Au loin sur le chemin, je vois une biche qui s'évanouit dans les bois à gauche. Cette ligne droite est pénible, je n'aime pas les portions droite, en trail l'intérêt s'est de pouvoir sinuer non?
Les gentils ravitailleurs m'avaient indiqués 6km de descente et bien ce ne descend pas des masses. En plus les gravillons du chemin me font mal aux pieds. Il est temps de prendre la carte pour suivre le parcours car désormais le balisage devient inexistant.
Pour la première fois depuis le départ, je m'empare du road book et ça va faire des étincelles. A peine parti mon moral en prend un coup car je sens que mes intérieurs cuisses se tendent, j'ai peur des crampes et ne souhaite pour rien au monde vivre la même expérience que Jenjiskan (Morgan Garandel) à la ronde des nutons l'an dernier. Alors étonnement, je marche sur cette portion en pente douce et prends le temps de manger: un gel et quelques cacahuètes et absorbe un peu de sel de magnésium.
Ça repart en trottinant les paysages s'ouvrent à nouveau, nous sortons de la forêt pour entrer dans un grand vallon bucolique. Un beau torrent coule au creux de ce vallon, ruisseau que nous franchissons rapidement. Je suis bien le road book et je passe devant la cabane des pompiers. A partir de là, le moral en prend un coup car j'ai du mal à suivre le parcours, les peintures GR sont très espacées et à plusieurs reprises je ferai demi-tour sur cette portion pourtant simple si on observe le road book.
Je suis rassuré quand je reconnais enfin la photo 8 de la page 16 du road book. Ensuite nous longeons un lac, le parcours est simple et je profite des vues magnifiques qui nous sont offertes. Je passe sous le viaduc comme indiqué page 17 et là, je ne sais pas ce qui me prend. Quelques centaines de mètres plus loin, je crois reconnaître le chemin qui monte à droite et qu'on trouve en photo 3 du RB page 17. Manque de bol je n'ai pas lu le reste et ne m'aperçois pas que j'aurais dû traverser un camping.
Je monte c'est presque comme dans la description, je débouche sur un promontoire mais toujours pas de marque de GR et le chemin continue en montant près de rocher, je continue jusqu'à ce que le chemin commence obliquer dans la direction opposée à celle où je suis sensé aller. Là je suis perplexe. Je reprends le RB l'analyse et me rends compte que je suis monté trop tôt. Redescente puis reprise du chemin en bas dans la bonne direction. Je suis essoufflé pour la première fois car j'ai monté super vite et cette situation ma stressé.
Plutôt que de lire le RB linéairement je continue à rechercher cette montée du coup je loupe la traversée vers le camping et fait un tout droit. Je trouve un chemin de montée qui ressemble l'emprunte un peu hésite et là commence à me sentir vraiment con. Je ne sais plus quoi faire car je suis sur le bon méandre. Je relis attentivement le RB ne trouve pas la faille. Mais ça fait longtemps que je n'ai pas vu de marque GR, je décide finalement de faire demi-tour pour retrouver une marque.
Finalement j'aperçois le pont et une marque, je traverse et rapidement observe une stèle. Je suis à nouveau sur le bon chemin, mais je doute pas mal. J'ai perdu au moins 15-20 minutes et avec le temps perdu plus tôt, j'imagine que Cédric et Wouter m'ont passé. J'ai un peu les boules mais ça fait partie de la course.
Je traverse le camping demande en français à une dame si elle a vu passer des coureurs, elle m'indique ne pas comprendre. Je tente en allemand mais mes souvenirs scolaires n'y suffisent pas. Les gens que je croise et qui pour la plupart viennent à peine de se réveiller me dévisagent furieusement, on dirait qu'ils croisent une bête sauvage.
J'aperçois la deuxième stèle qui précède la fameuse montée de l'image 3. Ça monte raide mais le souffle est revenu. J'arrive sur le fameux promontoire et entreprend le chemin qui part en traversée et qui descend. Au bout d'un moment je me retrouve avec deux chemins un qui descend direct et un autre qui continue à descendre plus légèrement, mais aucune marque de GR. Je ne sais pas quoi faire, je regarde pour une énième fois le RB. Finalement, je me décide pour l'oblique afin de perdre le moins de dénivelée.
Mais au bout de 200m toujours pas de marque. Je fais demi-tour pendant 100M m'arrête à nouveau relis le RB. Puis décide de faire demi-tour et de reprendre mon idée initiale. Le chemin oblique et je finis par apercevoir le prochain village. Effectivement un peu plus loin la déclivité de la pente s'accroit, je passe les fameuses marches. Je tente d'anticiper un peu et cherche de vue la fameuse brasserie près de laquelle je dois passer. Finalement, je la repère et franchit le passage. Derrière, cela monte raide mais pas longtemps, on traverse une route où je laisse passer un véhicule.
Ça continue de monter et finalement au moment où la pente s'adoucit je suis accueilli par des applaudissements par une équipe de joyeux copains qui ont installés un ravito pirate. Je suis ravi ils m'offrent du coca et un sachet de magnésium, me prennent en photo. Ils m'indiquent que les premiers ont passés il y a très longtemps et que je suis le troisième qu'ils croisent. Ça me rassure et je repars ragaillardi. Je remercie les gentils pirates et leur souhaite bon courage. Il faut dire que le temps n'est pas de la partie et qu'un petit crachin commence à tomber. Cela monte encore un peu je vois la cabane en bois puis cela redescend.
La descente est un peu technique et je me rends compte que mes cuisses ne sont plus toutes fraiches. Le sentier aboutit sur un chemin goudronné que j'emprunte en virant à droite. Le chemin redevient sentier, nous longeons une rivière sur notre gauche. Je finis par rejoindre un pont que je traverse mais derrière deux options s'offrent à nous. Je m'arrête et lis le RB. Une phrase m'induit en erreur: "Laisser à gauche le Rurbrücke". Alors j'hésite mais la lecture de la carte me fait continuer tout droit. Les traces de VTT m'impressionnent et je n'ose même pas imaginer la galère que les ouvreurs ont vécue sur cette portion.
Je me remets à marcher car ça fait des lustres que je n'ai pas vu de marque de GR et c'est vraiment dur pour les nerfs. J'aperçois une passerelle vérifie sur le RB, ça colle en plus. Cela monte un peu puis on rejoint un replat à gauche le domaine de Reichenstein et un petit lac bien sympa. Je prends la route à gauche, peu après on repasse dans la forêt par un chemin qui s'enfuit à droite. Nous passons au-dessus d'une voie ferrée qui n'a pas dû servir depuis des lustres. Cela monte à nouveau, je me loupe encore sur un des deux embranchements de cette portion mais perds peu de temps. J'arrive devant une sorte de lieu de prière en plein air.
Rapidement je me retrouve au ravito numéro 6. Là on m'indique officiellement être troisième que les premiers sont passés il y a environ une heure que Raphaël n'était pas au top et que PDM avait les crocs. On m'indique aussi que le trou est fait et que derrière on est à plus d'une heure 20 au dernier ravito. Ils m'indiquent aussi l'abandon de Wouter et de Cédric, je comprends alors un peu mieux pourquoi autant d'écart s'est creusé. Je prends deux quartiers d'orange, une compote, un coca. Je fais le plein de la poche à eau avec de la boisson énergétique qu'ils me proposent. Je les remercie avant de partir.

Sixième ravito - arrivée: la lente agonie puis l'explosion finale
Je quitte le sixième ravito en compagnie d'un des deux maîtres du ravito qui m'accompagne sur plusieurs centaines de mètres.
J'ai envie de marcher mais bon il trotte alors je trotte. Je commence à être bien entamé, et j'estime à 3H30 le temps pour joindre l'arrivée. En clair, c'est parti pour une longue randonnée.
Une fois seul et hors de vue, je me mets à marcher. Je commence aussi pour la première fois à réaliser que je suis en train de faire un truc, si je n'ai pas de grosse défaillance, cela fera une 3ème place inespérée. Je dissipe ces pensées et tente de me concentrer sur le parcours j'ai sorti la feuille 18 du RB et repart en trottinant. Mais la pluie commence à tomber dru et la feuille commence à tirer la tronche. La montée rapidement réalisée, j'entame une longue descente, les paysages s'ouvrent à nouveau sur des forêts de pins et des landes. Malgré la pluie le paysage est sublime et me rappelle des souvenirs de paysages écossais de mon enfance.
Je commence à compter les kilomètres et à les suivre sur la carte il m'en reste 20 à faire. J'ai véritablement ralenti mon rythme et notamment la fréquence de course. Je marche désormais volontiers sur des portions plates et descendantes.
Je vire à droite au point 4 du RB, puis poursuit en virant vers la gauche. Je me retrouve sur un chemin dans une clairière que je ne retrouve pas sur la carte, je doute un peu encore à un croisement, en fait le point 5 sur la carte. Je pars à droite mais ne trouvant pas de marque, fais demi-tour et reviens vers le croisement. je réexamine la carte qui tombe en lambeau, nous sommes tous deux détrempés. Je décide de reparti sur mon premier choix, quand soudain l'Elasto qui protégeait le plat du pied droit lâche. J'hurle de douleur, je panique car j'ai bien peur de devoir m'arrêter là. Je m’assois à même le goudron, ôte ma chaussure et ma chaussette. J'enlève doucement ce qui reste d'Elasto collé à ma peau.
Mes pieds sont vraiment dans un sale état. Je sèche comme je peux mon pied, sort le morceau d'Elasto coupé au km 100 et qui va sauver ma course. L'applique le mieux que je peux, m'y reprends à deux fois, comprime le tout avec mes doigts.
Il faut absolument que cela tienne car je ne supporterais pas la douleur si je dois courir même marcher la peau à nu. Ca à l'air de tenir je serre ma chaussure à fond et repars. La douleur est largement supportable dans cette configuration. C'est étrange mais sacrément efficace. J'avais expérimenté cette efficacité lors de l'UTMB 2005 où j'avais eu des problèmes similaires à l'arête du Mont Favre. L'Elasto m'avait bien sauvé la mise jusqu'à mon abandon. L'expérience ça peut servir ;-))
Un peu plus loin, Je rencontre un joggeur qui en fait devait courir avec un pote qui a abandonné, il me propose de m'accompagner un peu j'accepte volontiers. Il me lâche un peu avant le point 6 du RB en m'indiquant que ça part à droite et qu'ensuite c'est balisé. Je marche puis vire à droite, devant moi une ligne droite interminable en léger faux plat montant. Je relance la machine en courant et prends un gel pour me requinquer un peu. On finit par prendre un sentier sur la gauche qui serpente au milieu des baies.
Là on rejoint un paysage très particulier une composition de marais et de landes. Nous virons à gauche puis partons en diagonale sur un terrain particulièrement boueux pour rejoindre la plus longue ligne droite du parcours.
Sur la gauche la forêt sur la droite ce paysage si particulier les fagnes. Sur cette portion je relance, au cas où car on voit de loin et j'aimerai passer cette partie sans être aperçu par un coureur me suivant. Histoire de ne pas donner d'espoirs à un éventuel concurrent.
Je croise quelques randonneurs et cette portion que j'imaginais très longue passe particulièrement vite. Je rejoins des arbres et derrière moi plus de deux kilomètre de visibilité m'indiquent que je n'ai pas d'adversaire direct en lutte pour la troisième place. Je finis après quelques virages par me retrouver sur un grand axe routier qu'il me faut traverser.
Je continue sur une portion goudronnée mais rapidement cela part à gauche. Le chemin est détrempé et je ne sais pas trop comment l'aborder. Aussi, je n'arrête pas de changer de côté pour éviter les parties humides mais ça m'use mentalement. Le chemin s'incurve vers la droite et je rejoins la route. Je m'arrête pour consulter le RB et m'aperçois de mon erreur j'ai loupé le bon chemin plus à droite.
Demi-tour, ça aussi c'est usant pour les nerfs et c'est reparti. La descente est plus sympa en sous-bois jusqu'à une bifurcation, vers la descente du Ghaster. Là plus vraiment de plaisir, c'est une descente que je qualifierai de pénible entre les racines cailloux on traverse et retraverse le Ghaster et le GR est particulièrement mal tracé des chemins partent dans tous les sens du coup pas mal d'aller-retour usants.
Stupéfaction quand j'aperçois une remontée mécanique, c'est assez amusant ici de voir cela alors qu'on est à peine à 500M d'altitude. Une dernière passerelle aérienne et cette longue descente s'achève. Ça tourne sec à droite dans un nouveau vallon. C'est d'abord plat puis après un passage rive droite, ça remonte dans à découvert. Le chemin ensuite serpente entre les petites haies, on est sensé rejoindre un vieux chêne mais de chêne je n'en vois pas à l'horizon. Je rejoins une route goudronnée et redécouvre la civilisation en atteignant les premières maisons. La route descend, je relance un peu histoire de ne pas trop trainer.
J'entre dans Longfaye, un caméraman me filme me demande comment ça va, je lui dis que tout est ok. Il remballe le matos et me rejoins en voiture, nous échangeons quelques mots. Il est étonné de me voir partir vers la gauche alors qu'Xhoffraix est de l'autre côté selon lui. Je m'arrête, jette un œil à la carte et en déduis que j'ai raison et continue sur mon chemin. Je croise un monsieur et lui demande si je suis bien en direction du pont du Bayehon. Il me répond affirmativement, je continue et finis par atteindre le pont. Immédiatement après je vire à droite, je sais qu'il me reste désormais 5km et que c'est gagné.
Ça n'est pas l'effervescence de l'an dernier ma joie est plus contenue. Je prends un dernier gel histoire d'être tranquille. Le chemin navigue d'une rive à l'autre au gré de passerelles. Finalement je rejoins la dernière et j'aperçois Maiden et un acolyte qui me prend en charge. Ils m'indiquent plus que 3 kilomètres, nous effectuons la dernière montée tranquillement et arrivons sur le plateau. Je relance l'allure et aperçois Xhoffraix un peu plus loin. Je sais que c'est bon, nous discutons avec mon acolyte Maiden nous double en 4*4. Nous entrons dans Xhoffraix, je me retourne pour être sûr de ne pas voir quelqu'un revenir, mais j'y crois à peine.
Mon accompagnateur me lâche sur la dernière ligne droite pour me laisser entrer sur le stade seul. Je vois la ligne un peu plus loin et plein de monde pour m'accueillir, partout autour on m'encourage me félicite, ça me réchauffe le cœur. Plus que quelques mètres, ça y est c'est fait. Une grosse foule me félicite l'accueil est des plus chaleureux entre les Célestes et camarades Ufos je ne sais plus où donner de la tête. Je suis heureux, je l'ai fait et de quelle manière 3ème en un peu moins de 19H! Un résultat bien au-delà de ce que je pensais réaliser sur cette épreuve. Je rentre dans la salle sous les vivats et un Iron déchainé. Je dois avoir l'air d'une bête un peu effarouchée.
Des larmes me viennent mais cette année contrairement à 2006 j'arriverai à les contenir. Mais l'émotion est forte et réelle, celle-là même que j'étais venu retrouver ici. J'aimerai que ce moment dure plus longtemps mais déjà on me tend une bière et un monsieur me pose des questions sur ma course, je lui réponds comme je peux, je ne suis pas un habitué de l'exercice. Sandrine me mitraille, j'ai la banane et les autres aussi ont l'air heureux pour moi. On m'offre une autre bière, puis retrouve les copains prends des nouvelles de ceux qui sont encore en course chez les UFOs tm, paulo et irwing sont encore en course, c'est super...

Après course
Je vous passe les détails de l'après course la douche brulante, la potée au carotte et sa saucisse. Les arrivées plus émouvantes les unes que les autres. Celles de Tm d'abord puis d'Irwing qui ont le sent ont beaucoup donné. Les bières à ne plus pouvoir compter. Les histoires népalaises de père dodu.
Un premier podium scratch, un peu de bière, une nouvelle potée. Les discussions qui n'en terminent plus. Les retrouvailles avec Boly partenaire de la ronde des nutons. Un petit dodo de deux heures. Une balade nocturne pour chercher Paulo un peu égaré. Puis champagne re-bière et finalement un petit dodo de 4H. Le matin comme d'habitude après une course chez les Célestes, c'est la gueule de bois. N'ont pas celle d'avoir trop bu, mais celle d'avoir reçu un peu trop de chaleur humaine d'un coup. C'est avec nostalgie que je reprends le chemin de la France avec la ferme intention de revenir sur ces terres si chaleureuses.
Messieurs les Célestes MERCI et BRAVO pour tout ce que vous avez fait, pour faire de cette tournée des tourbières une merveilleuse fête de la course nature et un grand moment d'émotion et de communion entre coureurs organisateurs et bénévoles.

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