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[Prépa]

La prépa montagne a été particulièrement restreinte cette année, le Off du Ventoux le 30 juin chez Yoyo (Lionel Planes), le Off du Mont Joly chez Olivier91(Olivier Tribondeau) les 21 et 22 juillet, deux sorties rando-course de 4-5H seul et une 1/2 journée de randonnée avec papa dans les Pyrénées la semaine du 15 août. En revanche, la préparation course a été plus conséquente qu'en 2006. J'ai réalisé pas mal de séances de biquotidien en juillet dans la forêt de Meudon en adaptant la prépa de Stéphane Grivel pour son UTMB 2006 à un non cycliste, non nageur et non électro-stimulé, si c’est possible.

[Objectif]

Cette année pour ne pas me focaliser uniquement sur l'UTMB comme les années précédentes,, je me suis fixé, dès janvier, trois objectifs. Cela permet de diminuer la pression de l'objectif unique et surtout l'impact en cas d'échec... mais aussi de rester concentré durant toute une saison... Les trois objectifs sont les suivants : moins de 22H au 100 miles de la Tournée des Tourbières, moins de 27H à l'UTMB et moins de 29H au GRR (Diagonale des fous). Le rêve suprême consisterait à réaliser l'intégralité de ces3 épreuves en moins de 75H. Pour ce qui est de l'UTMB avec l'aide des feuilles de Rémi je me suis fait un plan en 27H avec un coefficient de ralentissement de 0.70. Grâce à ce plan et à l'expérience acquise, pour réaliser cet objectif, j'estime le temps passé les trois principales portions comme suit: Chamonix-Courmayeur 11H20 Courmayeur-Champex 8H00 Champex-Chamonix 7H40. En fait l'objectif est de partir à la même vitesse qu'en 2006. Puis de récupérer 1/4 d'heure dans la partie les Contamines-Courmayeur, mon état de forme des derniers jours me permet objectivement d'être confiant sur ce point. Ensuite, je dois sensiblement diminuer le temps réalisé en 2006 notamment sur la portion Champex -Chamonix ou je dois gagner environ 1H08. Sur cette portion en 2006 je m'étais littéralement trainé et avait quasiment tout fait en mode randonnée. Mon espoir cette année c'est d'être capable de courir davantage sur la fin du parcours.

[Avant Course]

L'arrivée à Chamonix s'effectue le jeudi midi. C'est accompagné de mon épouse et de mes filles Elena et Eline que nous rejoignons notre lieu de villégiature, le même qu’en 2006, l'hôtel Croix Blanche, un hôtel particulièrement bien placé, à environ 150m du départ. Il fait beau et les sommets enneigés brillent de tout leur éclat, on devine qu'il a beaucoup neigé ces derniers temps, tellement le blanc manteau est éclatant et bas... C'est en terrasse que nous déjeunons face au Mont Blanc et au fabuleux glacier des Bossons qui vient mourir dans les ruelles particulièrement bondées de Chamonix. Au menu, une fondue savoyarde, on ne change pas une équipe qui gagne! Avec Elena, pendant qu'Eline et sa maman font une sieste, nous allons faire un petit tour à la piscine, au stand UFO histoire de retrouver les potes et de s'imprégner de l'ambiance de cette édition 2007. Cette année pas de sieste la veille, car j'avais eu du mal à m'endormir le soir en 2006. Peu avant d'arriver je croise Ysolo, le camarade de Bris Sur Forges en compagnie de son épouse, il m'a l'air en très bonne forme toujours pourvu de son sac stylé « vachette ». Il m'indique qu'il va se mettre un peu au calme. On se donne rendez-vous à plus tard... Un peu plus loin c'est UltraSteph (Stephane Couleaud) en compagnie de son papa que je rencontre, il part chercher un pote à Genève... Au stand UFO, je retrouve les parents de Phil, Phil(Philippe Billard), Koline(Corine Peirano), Lafrite(Géraldine Montaignac) et manu(Emmanuel Lamarle) qui sont aux manettes pour présenter le mag et autres articles « marqués » ultrafondus aux curieux et autres passionnés d'ultra qui s'arrêtent au stand... Puis je retrouve un certain nombre de connaissances, parmi elles : Paulo(Jean-Paul Mauduit), LePiou(Isabelle Morice), Francois(Mr mental), Eric (Eric Bonnotte), des coureurs Célestes, des Kikourous et j'en oublie... Je retourne à l'hôtel et c'est en compagnie de mes 3 princesses que je me rends un peu plus tard au retrait des dossards, contrôle du sac, installation de la puce et retrait du T-Shirt de la course, vert Kaki, bizarre quand même l'UTMB c'est pas la guerre. Revisite au stand UFO qui s'est bien gonflé, on y trouve désormais jj(Jérôme Leuseurre) qui a mis ma tête et celle de Yoyo à prix, runstephane(Stéphane Lemarchand) qui a mis son "Brandon" bouc en jeux, PhV(Philippe Verdier) un de mes favoris, Juanfé(Jean-Philippe Lefief) qui revient d'un long périple au portugal et m'indique qu'il est un peu fatigué, Sandrine74(Sandrine Bec) la plus Chamoniarde des filles du 92, Olivier91, Bombyx(Gaël Obein), Forest_Alex(Alexandre Forestieri), Sushimaki (May Yeu Ga-Sao),Mitch (Michel Verraeghe) un de mes favoris pour cette édition, puis plein d'autres, qu'ils excusent mon oubli. Je fais la connaissance d'UPDA qui malheureusement ne pourra participer. Au loin, j'aperçois Scott Jurek, j'ai envie d'aller le rencontrer pour discuter puis lui demander un autographe, mais finalement n'ose y aller... La salle se vide mais sur le stand apparaissent quelques grosses pointures Gui(Guillaume Millet), Dawa Sherpa qui nous sert la main à tous et nous souhaite bonne chance... Finalement le grand Yoyo arrive et on part dans de longues discussions sur la stratégie. Pour Yoyo, c'est simple arriver en un peu moins de 12H de course à Courmayeur, puis être aux alentours d'Arnuva en 15H. Et après si les jambes sont là il attaquera... Ça c'est de la stratégie! Chez Yoyo ce qui est caractéristique c'est l'accent qu'il met sur la stratégie de course et la finesse avec laquelle il s'y attache. Globalement si sa stratégie et la mienne marchent on devrait se croiser comme en 2006 dans le final. Nous finissons par quitter le centre sportif et rejoignons l'hôtel en famille, pour la fameuse tartiflette d'avant course, elle sera arrosée de deux petits verres de vins. Ca y est je suis prêt, au dodo maintenant!

[Jour J]

J'ai passé une bonne nuit avec environ 8H30 de sommeil plein. Après un petit déjeuner frugal, je me dirige en compagnie de la petite dernière, Eline, dans la chambre pour une sieste de deux heures. L'objectif est de rester allonger pas de dormir malgré tout je dormirai 1/2 heure comme un bébé. C'est l'heure de déjeuner, direction notre cantine, la brasserie de l'M, pour une plâtrée de spaghetti bolognaise. Je laisse les filles à table pour me retrouver au calme et préparer mes sacs des bases vies de Courmayeur et Champeix. Comme les sacs sont quasi prêts, j'ai juste un souci de sac. Avec quel sac à dos partir? Le sac Eider prêté par Cyr(Cyril Carboni), correspond au modèle avec lequel j'ai fait toutes les éditions précédentes sans souci majeur ou mon nouveau sac Quechua 10l qui me blesse sur les flancs...? En prévision du GRR, je tranche pour le Quechua, je place tout de même le sac Eider, par sécurité, dans le sac de Courmayeur. Dans chaque sac base vie j'ai placé une paire de chaussure de rechange, dans le sac de Champex elle taille 2/3 de pointure au-dessus de 42. Dans ces sacs cette année, j'ai aussi prévu ma nourriture pour les bases vies, pas question comme en 2006 de ne rien pouvoir avaler à Courmayeur ou à Champex. Cette fois ci, j'ai de l'alimentation liquide ou "fine": compotes, taboulé, gâteau de semoule, lait concentré... Dans les deux sacs de l'Elasto prédécoupé, du PQ (ce qui s'avèrera salvateur pour cette édition), des habits de rechange (un haut 2 paires de chaussettes) et pour le sac de Champex des piles et un coupe-vent au cas où ... Finalement, je m'habille pour la course ça sera ca de fait. Je me dirige vers le centre sportif vers 14H30, mais je dois faire demi-tour car Rapace74 (Emmanuel) m'apprends, sur les rives de l'Arve, que les sacs ne sont pris en charge qu'à partir de 16H cette année. Je retourne vite fais au centre après avoir croisé en chemin la famille Charvin, L'castor (Robert) et L'Castor Junior (Cédric) en compagnie d'autres UFO ou Kikous... Ils vont bien et à mon grand étonnement Robert m'indique qu'il ne participera pas à cette édition. En fait, on avait rendez-vous pour manger à 15H et là comme d'habitude personne; je finis quand même par trouver Patrak qui m'apparaît affuté comme jamais. Vous imaginez Robert de Niro, les muscles saillants, prêt à attaquer l'UTMB et bien vous pouvez imaginer notre ami Patrak. Bon on tchatche on tchatche mais personne ne se pointe alors on finit par prendre la décision d'aller à la pasta party. J'aide un peu Patrak à porter son barda, on s'introduit dans l'antre des ogres sans mal. Direction la nourriture, une bonne plâtrée de pâtes sauce tomate avec du gruyère, un flan au caramel un morceau de tomme et direction la table. Nous y retrouvons notamment Bottle et son comparse croisé au trail des Cerfs dont j'ai oublié le nom. Puis d'autres sont là, finit par arriver UltraSteph et Yoyo. Les discussions sur la course et nos prépas respectives s'engagent, par moment nous saluons une connaissance qui passe. Bref, l'ambiance est assez sympathique et on aurait du mal à imaginer que quelques heures plus tard tous ces gaillards crapahuteront autour du Mont Blanc... Le repas s'achève, je rentre à l'hôtel récupérer mes sac, puis les dépose au stand des « sacs base vie ». A la sortie de la bâtisse, ce sont retrouvaille avec MichelC (Michel Cercueil) et Christophe Dieval, que je n'ai pas vu depuis le Tiranges Trail Tour. Ils ont l'air particulièrement en forme... c'est dingue comme je peux me sentir pas prêt d'un coup... Les discussions fusent de toute part, il faut dire que le coin est truffé D'UFOs et de Kikoureurs. Je fini par décider de rentrer à la chambre pour m'isoler un peu. Eline dort alors qu'Elena et Maman sont en balade dans les rues de Chamonix à proximité de l'hôtel. J'achève mon sac puis m'allonge. L'objectif n'est pas de dormir mais de me reposer un peu et de ne penser à rien. C'est dur d'ailleurs comment ne pas penser à cet évènement désormais si proche et que j'ai encore attendu si longtemps cette année. Il est 17H10 ça y est je commence à m'occuper de mes pieds, de la vaseline sur les doigts de pieds et sur les talons. Je décide en prévision de la descente du Bonhomme de me strapper la cheville gauche. Puis sur les conseils d’eric je place de l’elasto sur mes flancs pour limiter l’effet du frottement des sacs. J'achève le tout en mettant de la crème à l'entre jambe et en enfilant mon électrocardio. Une dernière vérification du sac, merdum, pas moyen de mettre la main sur cette fichue Nok. J'appelle Christine au tél pour lui demander d'aller m'en acheter en vitesse à la pharmacie du coin. Il s'en est fallu de peu comme quoi une dernière vérification n'était pas superflue. Il est 17H30 quand je quitte la chambre après avoir embrassé mes trois princesses. La pression commence à monter, je le sens des frissons me traversent... Je me dirige vers la place du triangle de l'amitié, celle-là même où tous les ans le départ est donné. J'arrive par l'arrière de la place, il faut dire que je suis un peu en retard et les places sont chères. Je cherche les potes qui devaient se trouver sur les marches comme l'an dernier, je les aperçois, mais ils sont à peine 10 mètres derrière la ligne de départ. J'ai un peu de chance car le chemin qui mène à eux est jonché de coureurs affalés sur le macadam. A force de « pardon » et d'acrobatie, et malgré la réticence de certains, je finis par les rejoindre sans trop de difficulté, peut être aussi un peu grâce au dossard. 69, ça en jette, surtout auprès des filles. Là je retrouve Titi et Jésus les deux frères Brasselet (resp. Etienne et Pascal), Bottle, Paulo LePiou, jj (qui a déjà pris un peu d'avance sur Yoyo et moi), Yoyo, L'Castor, Rapace74, Agnes94, Koko, Coureursolitaire, juanfé, Olivier91... bref que du beau linge de l'ultrafond. Catherine Poletti essaie de faire reculer de 10m une bande de 2300 traileurs, ça prendra bien un quart d'heure. Le briefing peut commencer, les stars locales élus, sportifs... sont en place. La tension est palpable, certains visages sont crispés. Je cherche désespérément les filles, finit par apercevoir Elena entre la Mairie et l'Hôtel de la Place puis Christine et Eline. Ca fait chaud au cœur de les voir à cet instant précis et surtout c'est réconfortant de les savoir sur place. Nous écoutons religieusement le Briefing. J'en retiendrai principalement l'hommage vibrant de Michel Poletti à notre coureur fétiche, le grand Werner Schweitzer atteint cette année d'une grave maladie et qui prend le départ à nos côté pour la cinquième fois, un grand moment d'émotion. Jean-Claude Marmier, comme prévu, nous annonce grand beau pour les deux jours, chouette. La musique de Vangelis démarre, on sait le départ imminent, des frissons me traversent à nouveau, pour rien au monde, je ne voudrais être ailleurs... 3,2,1 c'est parti pour cette édition 2007

[La ruée vers les Contamines]

Cette année nous sommes plutôt bien placés au départ, aussi je passe rapidement sous l'arche d'arrivée. Dans les premiers 500m nous alternons course et marche. Les années passent et la foule est de plus en plus dense, ça devient très impressionnant. Rapidement je me retrouve derrière Yoyo, je prends sa roue il a un bon rythme. Je regarde le cardio 162, c'est ok. Cette année, j'ai décidé de partir plus cool jusqu'aux Houches. Rapidement Eric nous rejoins, il part plus vite qu'en 2006, j'en déduis qu'il a envie de tâter les moins de 24H. Puis c'est Jérôme qui nous retrouve lui qui a un contrat sur la tête de Yoyo et la mienne, j'en profite pour le taquiner un peu sur le sujet... Nous passons les Gaillands et Yoyo mène l'allure. Le rythme est soutenu car mon cardio m'indique 175 mais le souffle est léger, tant pis je suis Yoyo... Cette année dans les portions raides du début, je marche, ça ne sert à rien de faire le cake si tôt, il reste plus de 155km pour ne pas se griller inutilement... A un moment nous finissons par rejoindre L'dingo qui en profite pour faire une séance photo avec un des meilleurs coureurs du peloton notre ami Eric... Les photos sont floues le modèle un peu gêné fini par prendre lui-même les photos, bref c'est l'hallucination. Peu après, je me fais dépasser par Wouter (Hamelinck) un des meilleurs traileurs Belge. Je ne sais quelle mouche me pique mais le souvenir de notre chevauchée réussie aux Tourbières me pousse à le suivre. C'est un peu bête me dis-je, car Wouter, comme me l'ont dit des Célestes au départ, vient de faire 6ème à la 6000D! Pas manqué je zieute le cardio et suis passé à 180bpm. Ah les promesses de départ prudent... En plus il ne me semble pas être victime d’hallucination, mais on rattrape puis dépasse Karine Herry?!? Finalement je rejoins les Houches en 40mn, comme en 2006, j'avale un verre en vitesse, puis c'est parti pour la montée vers la Charme. Je suis un peu isolé, un goupe une cinquantaine de mètres devant un petit groupe derrière. La montée s'effectue à bon rythme, mes jambes sont bien et un truc me rassure en ce début de course, je n'ai pas mal aux côtes comme c'était le cas ces 2 dernières semaines. Je rattrape le groupe devant et commence à doubler sur les portions de bitume un peu moins pentues. Le paysage est chouette plus particulièrement derrière nous et sur la gauche. A mi-montée je rejoins MichelC qui monte calmement en parlant avec un de ses potes. C'est marrant, me dis-je, il fait partie de l'équipe Lafuma depuis peu, mais a préféré revêtir ses habits fétiches et son célèbre porte bidon. Le dernier tiers de la montée jusqu'à Voza on l'effectuera en discutant ensemble. C'est cool, le temps passe super vite. Soudain, Michel 200m après l'embranchement vers la Charme accélère et me laisse quelques mètres en retrait. Karine Herry me dépasse, c'est logique, me remémorant un CR de notre ami Yoyo, je me dis qu'elle ferait une belle locomotive, j'emboîte son pas. Peu avant de passer au sommet, j'aperçois les deux patous qui nous avaient défiés lors du Off du Mont Joly fin juillet, mais le joli bouc n'y est pas... La descente est mieux que celle que nous avions reconnue en juillet, plus directe, droit dans une piste de ski, je me régale de descendre d'autant plus que la vue sur les Aravis (Pointe percée...) est magnifique. Après un petit raidillon à mi pente Eric me rejoins, ça me fait plaisir de courir à ses côtés sur cette course mythique. D'autant plus que son humour fait passer plus vite cette portion. Nous sommes entourés de deux jolies japonaises ce que ne manque pas de me faire remarquer qui vous savez... Cette année, Eric n'attendra pas la fin du bonhomme pour me laisser sur place me dis-je. Nous finissons par atteindre la partie goudronnée et je me rends compte que j'ai dû descendre un peu vite, j'ai un peu mal en haut des doigts du pied droit, peut-être des débuts de cloques. Tant pis, je mettrais de la Nok aux contamines. Nous arrivons à Saint Gervais ou s'est véritablement le délire la foule est en transe, c'est pire que l'Alpe d'Huez... Le speaker annonce les arrivants: Valéry Caussarieu, Dean Karnazes, Eric Bonnotte... ce n’est pas possible, pincez-moi, je dois être en train de rêver. Je n'ai aucune idée de mon classement à ce moment, mais je me doute que ça ne doit pas être mal. C'est bon signe car je me sens encore en forme. J'avale 2 cocas, mets ma frontale et repars illico... La foule exulte de toute part, du coup, le rythme est élevé et je me rends compte que le palpitant est encore au taquet. En sortant de Saint Gervais, j'en profite pour m'alimenter et prendre un gel et surtout faire un peu baisser le palpitant. Nous avons quelques passages à travers champs, puis c'est en sous-bois en terrain très accidenté. Nous courrons quasiment tout le temps sur cette portion, les relances sont difficiles car nombreuses, le rythme est très saccadé. Finalement, nous gagnons les environs de Saint Nicolas de Véroce, du moins il me semble reconnaître la route goudronnée qui y monte. Un regard à droite sur les hauteurs les lumières du Champel me confirme cela. Je sais que ce qui nous reste à faire jusqu'aux Contamines est roulant et je tente de réguler le cardio pour être sous les 175bpm. Mais les portions étant larges le rythme reste soutenu personne n'a envie de lâcher. Ce départ tonitruant, nous allons le payer tôt ou tard me dis-je. Wouter me dépose, je le laisse filer il va bien trop vite pour moi, tant pis, il faut savoir raison garder. Au loin je regarde en direction du col du bonhomme, la nuit est belle et étoilée ça va être magnifique. D'ailleurs il fait chaud, mon t-shirt est entièrement trempé de sueur. Nous traversons le pont qui nous amène sur le sentier des Contamines, un petit monotrace qui s'élargit par moment en sous-bois et qui longe le torrent. Une dernière rampe, plus pentue nous mène aux Contamines. La foule en délire des autres éditions est toujours là. Je fais le plein de la poche à eau, avale deux Cocas et je repars sous les vivats des spectateurs en délire. Je courre encore à bon rythme sur la portion goudronnée mais me bride à 167-170bpm et me dis que le premier objectif sera bientôt atteint, il s'agissait d'arriver le plus rapidement possible à notre Dame de la Gorge sans se griller.

[Le chemin de croix du bonhomme]

Nous rejoignons la rive, les feux de camps apparaissent les spectateurs sont de moins en moins nombreux mais tout aussi chaleureux. J'aurais tendance à dire comme beaucoup que la partie montagne de cette course, celle qui me plait le plus, débute ici au pied de la voie romaine dès les premières dalles pour s'arrêter à la Peulaz. Le reste, exception faite de Bovines et les Tseppes étant un peu trop typé route-chemin à mon goût. Mon rythme de montée est correct, je trouve que l'espace entre coureurs est déjà très important. Le passage des dalles franchi, la pente se calme, le vent se lève mais cette année, il est bien doux. Je passe devant le chalet du Nant Borrant ou c'est comme chaque année la méga fiesta autour d’un feu de joie. La voûte céleste est somptueuse, un truc m'inquiète tout de même j'ai les quadri qui sont bien durs. Je relance en courant sur la portion plate mais des débuts de crampes apparaissent et m'obligent à ralentir. Du coup je me fais doubler par un petit groupe de 3 coureurs qui reviennent au train. J'aperçois le ravito un peu plus haut mais décide d'avaler rapidement un gel pour contrer les crampes. Au ravito, je bois deux cocas et refais le plein de la poche, puis j’avale une soupe et repars sans trainer. A peine le ravito quitté, dès les premières rampes, les crampes apparaissent alors que je marche! C'est nouveau pour moi sur ce genre de terrain et à l'allure ou je vais qui somme toute est raisonnable. Je ne m'énerve pas prends sur moi et ralenti sensiblement. Mais rien à faire je doute, me demande si je suis bien à ma place cette année sur cette course... Mon séjour au TTT et l'exposé de Francois sur le mental me reviennent en mémoire. Je visualise mes deux filles dans mes bras à l'arrivée. J'ai le sourire d'Eline gravé en tête, elle est si jolie avec son éternel sourire à la bouche... Sur le léger replat je ne relance pas en courant, j’en profite pour m'alimenter et prendre une Sporténine. Après quelques passages humides, la montée reprend de plus belle, je me fais pas mal doubler sur cette portion, environ 10 places de perdues depuis la Balme. L'essentiel, c'est que j'arrive toujours à progresser, j'ai volontairement raccourci ma foulée pour éviter les fortes tensions des quadri. Je pense à la famille qui doit être scotchée sur l'ordi et aussi aux UFO qui n’ont pu venir comme Cyr ThierryM, ils vont s'inquiéter, j'ai tellement ralenti l'allure... On finit par rejoindre un court replat, où au pied d'un immense cairn et d'un grand feu de bois, un coureur me dit "Allez Val tu as l'air bien vas-y allez". Là je pense que c'est Gui qui a eu une grosse défaillance l'avenir me dira que non, puisqu’il finit 6ème. Bref je ne saurai jamais qui m'a reconnu et était à la ramasse ici. Petit passage sur un névé puis c’est l’attaque du dernier ressaut raide et multi-trace, je peine beaucoup et me traine littéralement. Derrière j'entends une voix familière et portante, c'est MichelC en pleine discussion avec un de ses potes, décidément il connaît tout le monde. Je fini par me hisser en haut du col du bonhomme, deux bénévoles m'indiquent le chemin vers la croix du bonhomme. Il ne fait pas froid, j'enchaine sur le chemin de traverse que j'avais trouvé si long en 2004. Rapidement MichelC en pleine discussion me dépasse. Je m'accroche et finalement perds peu de temps sur les compagnons de route qui m'entourent. Le passage des cordes m'indique que la fin est proche. Après un dernier ressaut rocheux c'est la bascule vers le refuge de la Croix du Bonhomme. Au refuge, je m'arrête pour mettre de la Nok. Les gens me dévisagent l'un dit "Oh il n'a pas l'air bien celui-là, un autre de répondre oui il ne va pas aller bien loin...". Ça fout un peu les boules d'entendre ce genre de conneries mais bon... c'est vrai que je ne devais pas avoir l'air bien vaillant. L'arrêt Nok et laçage dure environ 3 minutes. Puis, je plonge en direction des Chappieux. Je ne suis pas fan de cette descente on peut s'y blesser facilement et perdre toute prétention de terminer l'UTMB. Il suffit d’une chute ou d’une glissade mal récupérée. Bizarrement, cette descente se passe bien pour moi, je suis prudent sur le haut en particulier sur les parties mixtes rochers terre du haut. Mais à mesure que la descente défile, je prends de l'assurance et rattrape quelques concurrents. Pas de chute et les lumières de Chappieux approchent, c'est cool. Eric me le dira plus tard, j'ai bien progressé en descente... C'est clair, contrairement à d'habitude, ou je me "balade" en montant et "galère" en descendant, sur cette édition je suis à la ramasse en montant et descends bien.!?! J'apprécie particulièrement la fin de la descente, et le tout droit que l'on fait sur le final plutôt que de serpenter pendant des heures sur le chemin. Il faut dire qu'avec les bâtons c'est plus facile, je prends plaisir à nouveau. L'arrivée au Chappieux est identique à l'année dernière un aller-retour vers le ravito. J'avale un Coca fais le plein d'eau, puis entre sous la tente pour avaler une soupe et un morceau de fromage. A ma montre je suis dans mes prévisions c'est cool, je ne traine pas et repars à 1H15 après 6 minutes d'arrêt, au moment même où Karine Herry arrive. Je traverse les Chappieux en marchant histoire de récupérer et d'avaler un nouveau gel en prévision des deux prochaines heures. Je me remets à trottiner mais cette année sur la portion goudronnée je n'ai pas trop envie de courir. Je me positionne en mode marche soutenue.

[Balade sous les étoiles]

Malgré ce mode, j'avance bien et sur la première moitié de la partie goudronnée je dépasse 4-5 coureurs qui eux aussi marchent. C'est étrange, l'an dernier, si mes souvenirs sont bons, je courrai mais ne rattrapais personne. Ça allait donc plus vite sur cette portion en 2006? La voûte céleste est somptueuse sur ce tronçon. A mi-chemin de la ville des glaciers, je me fais reprendre par une coureuse qui trottine à petit pas, il s'agit de Karine Herry qui apparemment n'a pas traîné au ravito des Chappieux. J'allonge le pas pour la suivre, ce que je fais sans trop de difficulté sur les portions pentues, mais dès que la déclivité diminue, je suis obligé de relancer en courant pour suivre son rythme. Je me prends à rêver de suivre ce train de sénateur jusqu'à l'arrivée... Un coureur nous rattrape au moment où nous entrons dans la ville des glaciers. Sur les pentes de la Seigne les frontales sont rares. J'achève mon gel en prévision du début de la montée de la Seigne un peu raide au moment où nous franchissons le pont et changeons de rive. Nous trottinons sur le chemin qui mène au refuge des Mottets mais dès l'entame de la Seigne, la marche reprend ses droits. J'aime cette portion car on s'élève rapidement et à mesure que l'on monte la vision du filet des frontales qui s'étend sur la route des Chappieux prend de l’ampleur pour finir par former une immense guirlande. Mon bide me joue des tours et je me transforme en machine à produire du méthane, en fait cela fait près d'une heure que ça gargouille sec. Karine Herry monte très régulièrement et a bon rythme, mais derrière ça revient. En haut du premier ressaut, trois coureurs nous doublent. Dans cette montée nous pouvons observer les premiers coureurs en difficulté. La suite de la montée se déroule sans encombre, malgré des quadri limites. La fin du col comme d'habitude me semble interminable. Nous passons au sommet vers 3H05, dans le début de la descente Karine se retourne et me demande si je peux trouver une des attaches de son sac; je ne la trouve pas, apparemment, elle l'a perdue. Je lui demande si elle a de l'assistance à Courmayeur, elle me répond par l'affirmative. Mon mal de bide est devenu si insoutenable, que je laisse Karine à ses petits soucis, quitte le chemin, pour laisser s'exprimer la nature un peu à l'écart. Cette pause de 5mn effectuée, je reprends mon chemin et au fur et à mesure de la descente récupère tous les concurrents qui m'ont doublé et fini par rejoindre Karine un peu avant le refuge Elisabetta. Ces nouvelles dispositions en descente me réconfortent. J'enchaîne sur le petit monotrace qui mène au ravito du Combal, je trouve chouette que nous passions par là avant 2006 c'était balisé sur le chemin et la plupart des coureurs qui connaissaient le coin coupaient par ce monotrace. Un petit bonjour à la petite équipe bien sympa puis à nouveau 2 cocas, le plein de la poche à eau, une soupe et c'est reparti en direction du lac Combal. Je retrouve un bon rythme de course, même si l'envie n'y est pas vraiment je sais que la course sur cette portion évite de perdre un maximum de temps. Je croise un 4*4 plein phare qui remonte. L'humidité du lac se fait peu à peu sentir, il fait nuit mais on devine sur la gauche l'aiguille noire de Peuterey. Un feu de camp m'indique que l'amorce de la montée vers l'arête du mont Favre s'approche à grand pas. J'avale un nouveau gel dans cette perspective. Cette montée est sèche mais je l'apprécie car elle est régulière. Un petit groupe de 3 coureurs me précède, j'en dépasse deux puis fini par suivre le 3ème qui me demande si je souhaite le passer. Je lui répond que non, que son rythme me convient. Sur la gauche en hauteur on peut apercevoir le phare de l'arête qui veille sur les coureurs égarés dans la nuit. Au moment où nous passons les granges, mon prédécesseur fait une pause et me laisse passer. Je regarde mon cardio, je monte à 150bpm, le temps a déjà fait son œuvre et le palpitant a naturellement baissé. Dans la partie haute je double un coureur réunionnais qui ne semble vraiment pas au mieux. Je m’enquiers de sa forme, il m'indique que ce va, qu'il a juste un coup de moins bien. Je continue ma route et fini par rejoindre l'arête, non sans avoir remarqué que le nombre de frontales visibles en contrebas se limite à une petite trentaine. A peine en haut, fais une halte pour mettre de la Nok à mes deux pieds. En effet, on va se farcir pas loin de 1400m de dénivelées négative sur le chemin de Courmayeur. Du coup presque tous les concurrents que j'ai dépassés dans cette montée me repassent tranquillement. J'entame le début de la descente prudemment, en marchant, deux coureurs plus à l'aise me doublent. Une fois la partie raide terminée, je relance en courant. Puis mes intestins me jouant à nouveau des tours, je me vois obligé de m'écarter du chemin pour un deuxième arrêt délestage... Au moment où je repars Karine passe, je lui emboîte le pas. Je suis surpris de son rythme de descente, elle est particulièrement prudente sur cette portion somme toute roulante. Je reste bien calé dans sa roue. Je regarde l'altimètre mais l’altitude ne baisse pas bien vite, je trouve le temps un peu long. Il faut rester vigilant sur cette portion, ce qui n'est pas facile vu l'heure avancée de la nuit, car des petites gouttières en pierres traversent régulièrement le sentier. J'aperçois en direction du Val Ferret les lumières de Bertone et de Bonnati, les premiers doivent se situer entre ces deux points à ce moment de la course, j'essaie de deviner leurs frontales mais rien. La pente finit par s'accentuer, les sapins se densifient, nous approchons du Col Chécroui, je dépasse Karine au bénéfice d'un passage pierreux. En contrebas désormais on devine le ravito du col Chécroui, que nous rejoignons quelques minutes plus tard. Là un UFO, Cérium(Pierre André Maillard) qui vient d'arriver me reconnaît, nous échangeons quelques mots. Il doit bien voir que je n'ai pas l'air vaillant. Je lui indique que Karine arrive, bois deux cocas, mange un fromage et repars pour le grand schuss vers Courmayeur. Dans un premier temps je marche, puis fini par me remettre à courir. Les premières pentes sont douces mais la pente s'accentue rapidement. Le sentier serpente dans la prairie, cette année je ne me sens pas en mesure de prendre les sentes qui vont tout droit, je veux m'économiser. C'est un peu plus long mais ça préserve des quadri déjà bien entamés. Nous rejoignons le large chemin, un coureur anglo-saxon me laisse passer et m'indique qu'il préfère me suivre. Je ne me fais pas prier, je connais parfaitement cette descente, seul difficulté consiste à ne pas oublier de quitter le chemin pour prendre un sentier qui descend très sèchement sur la gauche en sous-bois. Cette année l’entrée du sentier est particulièrement bien indiqué pas moyen de se tromper. Les marches font mal aux cuisses mais on perd de l'altitude à grande vitesse. Je trottine et me sers fortement de mes bâtons pour atténuer les chocs... On finit par sortir du sous-bois et rejoindre la partie goudronnée qui mène au centre sportif de Dolonne, la base vie de Courmayeur. A ce moment, Christophe Dieval, rencontré cette année au TTT, me rattrape. Il a l'air particulièrement en forme. On échange quelques mots puis il me dépasse, je fais attention sur cette portion goudronnée car elle présente de grandes dépression de terrain susceptibles de mettre les coureurs à terre. Nous entrons dans Courmayeur, il fait encore nuit mais les premières lueurs du jour sont perceptibles sur les hauteurs du Val Ferret. Je regarde ma montre et me rends compte que je vais sensiblement arriver à la même heure que l'an dernier. L'allongement du parcours m'aura couté 30mn. Je suis pile dans mon objectif de 11H20 pour cette première partie, un peu moins en fait 11H19. Parfait, je prends mon sac entre dans le centre sportif rempli laborieusement ma poche à eau puis rejoins une table. PhV (Philippe Verdier) est là il m'indique qu'il abandonne, qu'il a des problèmes gastriques depuis le début et qu'il s'est vidé au moins 15 fois. Je suis déçu pour lui car il pouvait largement espérer une place dans les 20 et aussi un peu pour l'équipe UFO, car avec Eric il constitue notre meilleure chance de bien figurer. Je tente de le remotiver mais apparemment il a trop donné et il projette déjà de rentrer par le bus de 7H. Il m'annonce qu’Éric est déjà passé, c'est marrant, mais je ne saurais pas ou il m'a doublé. Par contre à ma grande surprise, il n'a pas vu MichelC. Je vais me vider aux toilettes, enlève le strapping de la cheville gauche, reviens pour attaquer mon taboulé. Mais il est vraiment dégueulasse, ça m’apprendra à innover en course. Je le laisse sur la table, avale mes deux compotes mon gâteau de semoule. Philippe est au petit soin avec moi il m'encourage, je lui dis que c'est pas la forme. Il s'occupe de mes déchets, vraiment c’est sympa de sa part de m’aider ainsi. J'avale une soupe, que je prends soin de couper avec de l'eau froide, dis au revoir à Philippe puis reprends mon chemin. La pause a duré environ 12minutes, ce qui est pil poil ce que j'avais prévu. Je dépose mon sac et rencontre L'Castor(Robert Charvin) qui est là et m'accompagne sur le chemin du centre-ville. Sa bonne humeur me fait chaud au cœur. J'ai du mal à repartir comme en 2006, je suis incapable de courir sur cette portion.

[Le gros coup de barre]

Du coup je trouve que c'est drôlement long de traverser Courmayeur la nuit. En plus je ne suis plus trop lucide car à peine Robert m'a-t-il laissé que je ne trouve pas mon chemin. Après deux aller-retour je fini par m'engager sur la route principale qui traverse la rivière. Je remonte ensuite sur le centre-ville. La ville s'éveille à peine, des éboueurs ramassent les poubelles. Je rejoins la zone piétonnière un coureur me dépasse en trombe. Moi je ne peux plus relancer, je suis cuit, mais cuit... Je fini par me retrouver sur la route qui mène au pied de la montée vers Bertone, j'en profite pour prendre un gel. Derrière moi un coureur se rapproche, deux autres sont plus loin. Le premier me reprend avant que j'entame le sentier, les deux autres se rapprochent irrémédiablement. Je suis littéralement scotché au sol le palpitant n'arrive plus à passer les 140bpm. Un nouveau coureur me dépose en ce début de montée puis je suis rejoint par la fusée Christophe Dieval qui était bien loin mais qui me récupère à une vitesse impressionnante. Il me dépasse, je lui souhaite bonne chance, à ce moment de la course je ne pense pas le revoir avant l'arrivée. Mais je m'accroche un peu et finit par stopper l'hémorragie puis fini même à me rapprocher de Christophe. Il doit payer un peu sa montée de folie. Finalement, nous arrivons ensemble au refuge Bertone, le jour s'est levé pendant la montée aussi, la vue qui s'offre à nous sur le massif du Mont Blanc est somptueuse. Je prends un café deux cocas puis repars Christophe me rejoins rapidement puis me dépasse. Je suis fatigué mais me sens mieux qu'au bas de Bertone.

werade

Je sais que la portion que l'on va entamer et qui va nous mener à Arnuva est cruciale. Pour jouer un temps à l'UTMB, il faut, à l’exception des passages un peu raides, courir sur toute cette partie. Aussi, malgré des jambes dures et un moral au ras des pâquerettes, je me force à suivre Christophe. Je laisse de l'espace entre nous pour pouvoir gérer mon rythme et ne pas subir ses accélérations. Il avance bien et me sert véritablement de locomotive sur ce tronçon qui nous mène au refuge Bonatti. Nous discutons et j'apprends qu'il s'est entrainé au même endroit que moi cet été du côté de Cauterets et de la Hourquette d'Ossoue... Au pied d'un ressaut je distingue la silhouette de Karine Herry sur le final du passage. Eh bien, elle n'a pas trainé à Courmayeur me dis-je. Nous finissons par la rejoindre, lorsque soudain elle s'arrête pour une petite halte naturelle. Nous la dépassons et continuons notre route vers Bonatti que nous rejoignons au bout de 10 minutes. Je remplis ma poche à eau absorbe les deux traditionnels cocas et un petit potage coupé à l'eau. En repartant je décide d'avaler un nouveau gel car les cuisses sont vraiment dures. Christophe et moi formons avec deux autres coureurs l'express à destination d'Arnuva. Je signale à mes comparses qu’un magnifique nuage lenticulaire domine le Mont Blanc, ils apprécient aussi le spectacle, que c’est beau. Christophe mène notre allure avec brio, car nous avançons efficacement. Nous déposons les touristes et rattrapons un coureur. Enfin nous entamons la descente sèche vers Arnuva, nous descendons à un rythme très soutenu, nous dépassons 2 coureurs qui ne peuvent s'accrocher. La descente se passe bien pour moi, les jambes tiennent le choc, par contre mes doigts de pieds me font mal et je me promets de m'arrêter en haut du Ferret pour remettre de la Nok. Après une petite séance photo nous arrivons à Anuva. Je retrouve mister mental, Francois qui m'aide à remplir la poche à eau. Je lui indique que j'ai appliqué sa méthode des images positives dans le bonhomme et que ça m'a bien aidé à continuer. Il m'indique qu'Eric est passé il y a à peine 5 minutes et qu'il n'est pas au mieux. Je bois deux cocas tente un morceau de Coppa que je dois me résoudre à recracher, cela ne passe pas, puis une soupe. Je dis au revoir aux sympathiques bénévoles et à Francois qui m'a l'air bien en forme et est super souriant. Je suis reparti quelques mètres derrière Christophe qui mène encore l'allure de notre petit groupe constitué de quatre coureurs, dont le dossard 44, sur le chemin du refuge Elena, tiens quel joli nom... Les randonneurs semblent effarés, peut-être de nous voir monter encore si vite ou peut-être à cause de nos tronches plus très folichonnes. Nous montons ce premier ressaut à un rythme plutôt cool, je suis content mes jambes répondent à nouveau en montée, il était temps. Cette année une jolie passerelle nous permet de franchir le ruisseau à mi pente. Christophe semble faiblir un peu car les deux coureurs intercalés commencent à trépigner. Dès que nous arrivons à proximité du refuge, au moment où le sentier se transforme en chemin, nous dépassons tous trois Christophe qui a sensiblement ralenti, le dossard 44 s'envole tel Pantani. En prévision des dernières rampes j'avale un gel. Puis j’étudie les premiers lacets de la montée du Ferret mais je n'aperçois pas Eric. Le palpitant franchit doucement les 140bpm et se stabilise à 144bpm, je monte bien et dépasse les touristes. Finalement, alors que nous entamons la partie finale, j'entends Eric un peu plus haut qui m'invective et m'annonce qu'il est cuit de chez cuit. Quelques minutes plus tard je le rejoins, effectivement il est blanc comme un linge. Je lui dis de s'alimenter, tout en sachant pertinemment que ça n'est pas moi qui vais lui apprendre à gérer un coup de moins bien. Je lui propose un gel, mais il décline l'offre. Son sens de l'humour me rassure quant à son état. Je fini par le dépasser au début de la dernière longueur qui mène au col. Comme l'an dernier, mais dans une moindre mesure, c'est dans cette partie de la course que je verrais le plus de coureurs en difficulté. Le col atteint, je m'assied pour mettre de la Nok et resserrer mes chaussures en prévision des 20km de descente qui nous attendent. Mes orteils du pied gauche ne sont pas au mieux deux cloques ont fait leur apparition, mais le reste va bien. Un coureur se place sous la tente, il n'est pas au mieux. Christophe finit par arriver au moment où je m'apprête à descendre, il m'emboite le pas. Je prends la tête de l’express Bertone-Champex, avec nous, un coureur américain, enfin je le suppose. Il parle avec un fort accent et porte un T-shirt d'une course mythique la Hardrock. Une de celles que tout ultra-trailer a envie d'accrocher à son palmarès. J'ai une pensée pour Runstephane et Phv qui sont dans les starting block pour sur cet évènement. En regardant son dossard vers la Fouly, j'aurais confirmation de son identité, Peter Bakwin, américain de son état. Sur cette portion qui nous mène à la Peulaz, je m'efforce de relancer et de courir au maximum, ce qu'en définitive laborieusement, nous parvenons à faire. Nous croisons des VTTistes qui montent en sens inverse, j'ai mal pour eux tellement ça doit être dur. Le chemin finit par faire un coude vers la gauche, nous allons bientôt dominer l'alpage de la Peulaz. Christophe qui apparemment a repris du poil de la bête, repasse en tête et finit par me distancer d'une dizaine de mètres quand nous franchissons l'arche du ravito de la Peulaz. Nous saluons les bénévoles, pour moi ça sera : deux verres de coca et une soupe. Nous ne trainons pas ici et enchainons directement sur la descente technique qui nous mène à le route quelques 200-300m plus bas. Je suis très prudent sur cette portion et du groupe de cinq que nous formons Christophe, Peter(Bakwin), les deux alliés du début de la montée du col Ferret dont le 44, je me retrouve rapidement en queue de peloton. Christophe me précède de quelques pas et peu à peu nos acolytes nous distancent. Nous finissons après quelques glissades mais sans bobo à arriver sur la route goudronnée. Petite pause histoire de vider la vessie pour moi et c'est reparti. Sur le faux plat montant qui nous mène à la route, je m'alimente d'un gel, histoire d'avoir des forces dans la descente vers la Fouly. Nous basculons dans la descente et aussitôt je me mets à courir, Christophe me suit, un peu plus loin sur la route je distingue Peter. J'avance plutôt bien sur cette portion asphaltée, si bien que je rejoins assez rapidement Peter, dont j'adopte le rythme. Derrière Christophe a perdu quelques mètres mais rien de bien rédhibitoire. Mes orteils du pied gauche sont douloureux, je m'arrête rapidement pour examiner l'état des doigts de pieds. Une cloque de sang s'est constituée sous l'ongle du majeur gauche, c'est un peu douloureux, rien de grave, mais il faudra faire soigner cela à la Fouly ou à Champex. Peter n'est pas très bavard mais parle un français de bonne facture, nous échangeons quelques banalités de coureurs. Nous empruntons un chemin à gauche qui va nous faire traverser via un superbe pont en bois le torrent. Sur l'autre rive le terrain est caillouteux mais roulant, par contre le soleil commence à bien taper, j'ai chaud et ma tunique UFO est particulièrement détrempée. Je vois le pont qui nous fait revenir sur la rive du ravitaillement de la Fouly et aperçois les premières maisons. Peter avance toujours à bonne allure et ensemble nous arrivons à la base de la Fouly. L'accueil y est sympathique, les jambes sont un peu dures après cette portion de route mais pour le reste ça va. J'avale un coca puis de l'eau d'Arvie. Christophe arrive, j'absorbe une soupe et repars un peu précipitamment derrière Peter. Mais je me rends rapidement compte qu'il me manque quelque chose : mes bâtons. Petit demi-tour pour récupérer ce bien particulièrement précieux en prévision du final. Un bénévole me tend mes cannes, Christophe repart au même moment, l'express Bertone-Champex se reforme. A ce moment je pense à Cyr, je lui avais promis de l'appeler au téléphine, si tout allait bien à ce niveau de la course, mais je n'ai pas trop envie d'aller chercher le téléphone au fond du sac ultra protégé par des feuilles de PQ et deux pochettes plastifiées. C'est à cet endroit précis, qu'avec beaucoup d'émotion, j'avais appelé ma petite femme, mon papa puis ma maman en 2006 pour leur annoncer que c'était bon, que j'allais enfin aller au bout du périple. Nous avons retraversé le ruisseau pour nous positionner rive gauche, et avec Christophe, nous nous efforçons de relancer sur les parties descendantes et planes, mais pour moi ça devient dur. Dans ma tête les idées se mélangent serais-je à nouveau capable de boucler le tour... Je chasse rapidement ses pensées négatives en pensant à mes filles et à l'arrivée qui se profile en leur compagnie. Cela commence à être dur pour les autres aussi. Nous rattrapons un petit groupe de 3 coureurs. Pour certains par contre c'est l'état de grâce, deux coureurs nous clouerons sur place près de l’endroit où le chemin fait place à un sentier qui longe une gorge. Je les envie un peu ça doit être génial de pouvoir voler sur ce tronçon, pourvu qu'ils ne se grillent pas et que ça ne soit pas leur chant du cygne... Bon an mal an le duo que nous formons avec Christophe reste efficace et le fait de pouvoir discuter nous permet véritablement de transformer cette partie interminable en quelque chose de supportable. Je trouve le temps un peu long quand finalement nous rejoignons l'arête de Saleina. Ce superbe passage ou le chemin culmine sur une ancienne moraine en sous-bois. J'adore ce passage, je le trouve féérique. La descente de l'arête s'effectue un peu dans la douleur pour moi, les cuisses sont dures et la chaleur malgré le sous-bois se fait sentir. En bas Christophe et moi ralentissons sérieusement et nous nous mettons paradoxalement à marcher sur cette portion de bitume particulièrement roulante. Je suis cuit au sens propre comme au figuré, je place mon Buff sur la tête à la manière d'un bandana. Peut-être un début d'insolation, mais je ne suis pas déshydraté car je bois très régulièrement. J'annonce à Christophe que je vais marcher un peu, il est mieux que moi mais reste en ma compagnie. Nous traversons les premiers chalets de Praz-de-fort, ils sont magnifiques et les jardins tout aussi beaux. Qu'il doit faire bon vivre ici dans ce décor de rêve... J'aperçois une fontaine y trempe les lèvres et mouille le buff que je replace immédiatement sur la tête. Christophe m'indique qu'à l'allure ou nous allons notre avance est en train de fondre. Dans ma tête ca cogite notre avance sur qui sur quoi... !?! Après un ou deux accidents de terrain au moment où nous entrons réellement dans le bourg de Praz de Fort, Christophe reprend la course, je laisse quelques secondes passer, puis lui emboîte le pas, le parcours subit une petite dépression qui correspond au passage de la route et qui nous mène à l'ancien ravito. D'ailleurs en lieu et place de cet ancien ravito figure un ravito pirate, eau plus coca, j'absorbe un verre de coca m'asperge d'eau et repars. Christophe m'a pris quelques mètres, il court, je me fais violence pour le rejoindre et m’oblige à courir sur ce long faux plat descendant en direction d'Issert. Mais la pente remonte légèrement et mon partenaire à mon grand soulagement marche. Deux bénévoles nous encouragent, histoire de, nous relançons sur 150m, mais l'envie de courir n'y est plus chez moi, la fatigue se fait sérieusement sentir. Nous traversons Issert, je m'abreuve et m'asperge à chaque fontaine croisée. Nous rejoignons la grande route que nous traversons rapidement. J'avale un gel en prévision de la montée qui approche. Les coureurs qui étaient avec nous un peu plus tôt ne sont plus visibles signe que nous avons vraiement mis les freins. D'ailleurs derrière ça revient, un coureur que connait Christophe celui-là même qui s'était mis sous la tente au col Ferret. Il a du mal à monter mais descend encore bien annonce-t-il à Christophe. Décidemment les heures se suivent mais ne se ressemblent pas. Dès le début de la montée sur Champex Christophe prend les choses en main et adopte un bon rythme. Bizarrement, je trouve le train agréable et le moral remonte. Il faut aussi dire que je viens de me rendre compte en regardant mon estimateur et ma montre que mon objectif de 8H sur le tronçon Arrivée Courmayeur - Arrivée Champex est en passe d'être réalisé. Donc malgré le gros coup de mou, l'objectif de 27H tient toujours en théorie. A ce stade, je me sens incapable de gagner, par rapport à 2006, l'heure nécessaire à cela sur la portion finale. Par contre, je sais que je mettrais au pire 8H40 pour effectuer cette partie ce qui devrait porter mon temps final à un truc genre 28H et me satisferait pleinement vu mon état. La montée s'effectue à l'ombre, mais qu'il fait chaud, les petites portions de descente nous démoralisent un peu, car on ne voit pas le bout. Surtout je n'entends pas comme l'an dernier le son de la sono. Finalement, après avoir raccroché puis lâché un ou deux coureurs, nous atteignons la civilisation. Ravito dans 200m nous annonce-t-on puis plus loin ravito dans 5mn, un classique. A peine l’express arrivé en gare, nos sacs sont déjà disponibles, je me dirige sous la tente sous les applaudissement des spectateurs. [Deux cloques à Champex] J'ai prévu 12 minutes d'arrêt à Champex, le temps de bien m'alimenter et de soigner les petits bobos, histoire de repartir rapidement sans me refroidir. Malheureusement cet arrêt va prendre une toute autre tournure. Afin de ne pas oublier, je décide tout d'abord d'aller me faire soigner les deux orteils du pied gauche qui sont douloureux. Je trouve les podologues au fond de la grande tente. On me demande d'aller me laver les pieds, c'est bien normal, vu l'état du coureur. Je m'exécute dans les douches puis reviens sur la table de torture. Là, je ne l'avais pas pressenti mais je vais passer plus de 20 minutes à me faire soigner deux cloques. Un cours improvisé de mise en place de poupées se déroule sur moi. La première poupée est placée relativement rapidement par le professeur. La seconde doit être positionnée par un stagiaire aux doigts un peu palmés, je plaisante bien sûr. Mais il n'a juste clairement pas l'habitude de faire ce geste. Dans mon for intérieur ça commence à me travailler, certes je ne lutte pas pour la victoire et ces soins qui me sont proférés sont importants pour la suite de la course. Mais ma patience commence à toucher ses limites. Je garde ses sentiments négatifs pour moi et reste zen avec mes sauveurs qui font au mieux. Le pompon c'est quand on me demande si j'ai des chaussettes de rechange, je dis "oui mais elles sont dans mon sac". J'aurais mieux fait de me taire, un gentil podologue se propose d'aller chercher mon sac resté près d'une table, mais malgré ma description du lieu de dépose et du numéro apposé sur le sac, le temps passe et il ne revient pas. Une gentille podologue va à son secours et finit par ramener le sac. Pour les 27H, c'est sur maintenant c'est mort, me dis-je. Tant pis après tout, j'avais cas mieux m'occuper de mes pieds, si je perds autant de temps maintenant c'est uniquement de ma faute. Finalement, pendant que mes sauveurs me tannent les pieds de Nok et m'enfilent les chaussettes, j'en profite pour avaler mes compotes. Je les remercie, car le travail effectué est au poil, tant et si bien que je n'ai plus mal au pied. Aussi, je devine que le temps "perdu" ici me sera bénéfique sur le final. Je quitte le stand alors que cela fait bien 25 minutes que je suis arrivé, j'aperçois Eric en train de se faire masser, il est bien descendu du Ferret, et va certainement me reprendre sur le final, ça serait chouette si je pouvais m'accrocher à lui... Je m'attable pour manger mon gâteau de semoule, remplis mon sac de victuailles (gels, bounty…) fais le plein de la poche à eau avec du Powerade bleu et prends la direction de Chamonix, il est 14H14 et j'ai passé 30 minutes à la base de Champex!

[Malbrough s'en va t-en guerre mironton ...]

Je ressors un peu tendu de cet arrêt, quand devant moi on annonce la deuxième féminine, elle est espagnole. Physiquement elle ne paie pas de mine, elle n'a pas le physique saillant de l'ultra athlète tel qu'on pourrait se l'imaginer. Je suis impressionné de sa performance. Un peu étonné aussi, car cela signifie que Karine Herry est encore derrière... alors que j'ai pas mal trainé ces derniers temps. Les jambes sont dures et je n'ai pas envie de courir aussi je marche juste derrière la coureuse Espagnole le long des rives du lac de Champex. Elle est très applaudie par la population locale, au train je fini par la dépasser. Elle me demande combien de temps il reste pour Chamonix. Pour éviter de lui donner une vision trop optimiste, je lui indique qu'il nous faudra environ 8H30-9H pour rallier Chamonix, nous en mettrons beaucoup moins. La pente se redresse et nous atteignons Champex d'en haut, elle me suis à quelques mètres. Nous empruntons un chemin sur la gauche. Je me dis que c'est le moment de relancer la machine les jambes sont dures mais l'alimentation absorbée à Champex commence à faire son effet. Je ne vais pas vite, je trotte aux alentours de 8km heure mais ça fait du bien de courir sur cette portion alors que je ne pouvais pas le faire en 2006. Du coup j'enfile le casque de mon lecteur mp3, la musique me stimule et je ne faiblis pas. A un embranchement, j'aperçois un supporter de luxe qui me reconnaît. Il s'agit d'Akunamatata (Jean Marie Gueye), il m'indique que je suis le premier UFO qu'il croise. Il part dans Bovines pour prendre des photos des potes après son CCC, chapeau akuna! Un peu en contrebas, j'ai un petit doute sur le chemin à prendre deux sentiers se profilent, je décide de rester sur le plus direct, bon choix. Je passe devant un chalet ou des enfants font trempette les pieds dans une fontaine, l'ambiance est familiale et chaleureuse. Déjà les premières rampes de Bovines se dressent et je rattrape puis dépasse un coureur au train. Dans mes oreilles, un de mes morceaux préféré de Thieverry Corporation, j'ai des frissons comme au Nutons en 2006, c'est une agréable sensation et ça me stimule, du coup je grimpe à bon rythme. Si bien qu'avant de franchir un premier ruisseau j'aperçois trois coureurs, j'en profite pour tremper le Buff-bandana. Il fait chaud et la fraicheur me fait du bien. Je rejoins rapidement puis dépasse ces coureurs, seul le coureur au T-shirt orange, qui n'est autre celui qui était sous la tente au Col Ferret, arrive à suivre l'allure. Mais il s'éloigne inexorablement. En effet, la pente s'accentue et nous sommes dans le fameux mur de Bovines, ici je raccourcis le pas pour ne pas avoir de crampes mais la cadence reste élevée. Parfois il faut mettre les mains, mes bâtons s'avèrent toutefois particulièrement efficace et soulagent mes quadri bien entamés. Sur le final, je distingue mes compagnons du col ferret et en particulier Christophe qui sont presque arrivés sur le sentier en balcon, c'est cool j'ai quasiment refait le temps perdu à Champex. Je regarde les pulsations 140bpm, c'est marrant de monter vite avec le palpitant aussi bas, ah les mystères de la physiologie... Je me hisse sur les dernières rampes et peut voir que derrière ça n'a pas suivi. Je m'étais promis en 2006 de revenir suffisamment prêt pour courir sur ce sentier en balcon qui domine majestueusement la vallée du Rhône. Malheureusement l'envie n'y est pas, je pourrais certainement mais je n'ai pas envie de me griller avant la descente sur trient. Je décide d'ôter mes écouteurs et d'éteindre le lecteur mp3. Mon rythme de marche est suffisamment élevé pour me permettre non seulement de revenir sur le petit groupe formé entre autre de Christophe et Peter mais surtout de rapidement les distancer. J'arrive au ravito ou 3 coureurs sont déjà présent, je remplis la poche à eau, bois un verre de Coca, et repars au moment même où Christophe arrive. Il a l'air un peu cuit surtout au niveau des cuisses aussi je décide de ne pas l'attendre et de continuer ma route, s'il est en forme il reviendra. La montée n'est pas terminée et je rattrape celui avec qui je partagerai un peu plus tard les 24 derniers kilomètres, encore un Christophe (Roques). Décidément c'est un prénom bien à la mode sur cet UTMB. Avant de franchir la barrière et d'entamer la descente vers le col de la Forclaz. Je m'arrête pour une pause Nok, je badigeonne ses pieds dont j'aurais grand besoin dans les deux prochaines descentes. Je discute avec un charmant couple de randonneurs et leurs enfants, on parle de la course, ils attendent des amis. Ce petit contretemps me fait perdre trois minutes et quelques positions. Mais c'est avec l'envie de courir que je repars et effectivement dès les premières rampes je cours. C'est un peu dur mais je sais que par rapport à 2006 ou j'ai effectué toute cette descente en marchant je gagne du temps et plus important je suis en meilleure forme à ce stade de la course. Je double rapidement les concurrents qui m'ont dépassé sur le final excepté Christophe (Roques). Je ferais le reste de la descente seul, je croise un groupe de gamins qui m'invectivent et m'encouragent comme des damnés. A mesure que l'on approche du col de le Forclaz, la pente s'accentue, les quadri chauffent mais tiennent. Je profite des portions les plus raides pour marcher un peu et récupérer. Déjà le bruit de la route et de quelques bolides se fait plus présent, les marcheurs sont plus nombreux et les encouragements pleuvent. Ca y est j'aperçois un petit raidillon, je suis au col de la Forclaz. L'ambiance est chaleureuse et je trouve qu'il y a beaucoup plus de monde que l'an dernier. Normal on venait de se prendre une saucée en 2006, cette année c'est grand beau et les gens profitent des pâturages pour se reposer et regarder les coureurs passer. Le palpitant est bien monté j'ai repassé les 150bpm, je décide de ne pas fléchir sur le long plat qui mène à la descente vers Trient. Même si je ralentis un peu le rythme de course, mais je continue à courir. Avant d'entamer le toboggan pour Trient, je profite d'une petite accalmie pour faire une petite pause pipi. Ca y est j'entame le toboggan, cette descente est très ludique pour celui qui a encore les cuisses, c'est un vrai calvaire pour les autres. Cette année, chanceux, je fais partie de la première catégorie et, même si je descends prudemment, la plupart du temps, je cours. Ah la fameuse relance d'Eric celle qui peut transformer un bourrin en cheval sur une telle course. En contrebas la vue sur trient est plongeante, mais rapidement le bourg se rapproche et le sentier redevient chemin. Je ne sais pas si j'ai trop bu, mais j'ai mal au ventre et l'envie de faire un nouvel arrêt pour vider ma vessie me prends. Je m'arrête juste avant de traverser la route sous le regard bienveillant de deux bénévoles qui régulent la circulation. Quelques passant saluent mon entrée dans Trient, et je finis par arriver sous les applaudissements des bénévoles au ravitaillement de Trient. On m'indique pour la première fois ma position, on m'annonce 41ème, je n'ose y croire, me voyant plutôt aux alentours de la 60-70ème place. On me demande d'où je viens j'explique que je suis originaire du nord et que j'habite Clamart près de Paris. Les bénévoles sont super sympas m'aident à remplir la poche à eau. Le prochain ravito est loin il ne faut pas se louper ici. Après deux cocas et une soupe coupée à l'eau je repars sous les vivats de mes supporters de circonstance, tout en les remerciant de leur accueil. Le chemin part en sens inverse peu avant de redescendre pour attaquer les Tseppes, je croise un coureur qui est allongé au sol. Je lui demande si ça va, il me fait signe de la tête que oui, sans m'en rendre compte je viens de parler à Karl Meltzer un des favoris américain qui est là depuis plus de 2 heures et qui stoppera sa course ici à Trient.

[Duo improvisé]

Pour rejoindre le début de la montée vers les Tseppes, je trottine et m'alimente d'un gel. Devant un coureur me précède d'une centaine de mètres. Je me rapproche mais au moment de l'entame, il est encore à environ 50 mètres. Il n'y a pas de répit sur cette montée en sous-bois régulière, dès le départ c'est raide et ça le sera jusqu'à l'orée de la forêt au niveau du chalet qui servait de ravito en 2006. Je monte à mon rythme sans trop forcer et fini par rejoindre Christophe (Roques), il me demande si je veux passer mais je décline l'offre, son rythme est régulier et me convient parfaitement. Je trouve cette montée plus dure qu'en 2006, je suis au ralenti le palpitant à 136bpm, mais nous montons correctemnt! Aux deux tiers de la montée se déroule une scène que je qualifierai d'étrange mon comparse et moi n'en sommes pas revenu. 50m de dénivelées plus bas un coureur vêtu en orange apparaît, il invective un autre coureur un certain Jean Francois derrière lui en gueulant comme un putois: "Allez jeff Allez...". En à peine 5 minutes le bonhomme nous rattrape et à mon grand étonnement il porte un dossard de finisher 2006 et un bracelet! Ce gars est donc bien en course, mais le plus étonnant c'est qu'il court dans cette montée. Oui, au bout de 24H de course ce trailer court comme un cabri! Il arrive donc à faire monter son cœur suffisamment haut pour cela, un vrai mystère de la nature... Mon compagnon Christophe est abasourdi et me fait part de ses interrogations... Nous ne saurons jamais ce qui s'est passé pour ce coureur, ni comment il a géré sa course, ça restera un mystère? Toujours est-il que le gaillard nous dépasse comme une bombe et cinq minutes plus tard se retrouve 60m de dénivelées au-dessus de nous, à l'orée du bois! Pour nous ça sent bon, cela signifie que la montée de bovines s'achève. Le camarade Jean Francois(Hudry) dossard 51, ça aussi ça en jette comme numéro, nous rejoins au train sur le final. Il nous dit qu'il connait le gars mais ne comprend pas trop non plus le rythme de fadas qu'il arrivait à soutenir... En fait, il mettra 1H09 pour faire Trient-Catogne, moins que Mermoud, Bonaudeau, Dawa, Gui, Jacquerod à peine 3 minutes de plus qu'Olmo! Nous nous hissons au sommet d'où la vue sur la France apparaît, je laisse là mes deux camarades pour souffler un moment mais surtout pour mettre de la Nok à mes pieds à nouveau douloureux. Je me badigeonne, prends un gel et repars en direction de Catogne, je me suis arrêté 4-5 minutes personne ne m'a rejoint. Sur le sentier en balcon qui mène à Catogne j'alterne marche et course avec une prépondérance pour la marche, j'ai clairement un petit coup de moins bien. Alors j'avale deux Bounty en profitant du magnifique paysage, le lac suspendu attire particulièrement mon regard, et m'impressionne beaucoup. Il fait beau le vent s'est un peu levé mais l'air est doux. J'aperçois mes deux camarades de route qui franchissent le lieudit "Catogne" quelques centaines de mètres devant. Au passage de Catogne, je croise un UFO très sympa qui m'encourage et me prend en photo. Je ne le connais pas encore mais il s'agit de Cyrille (Cyrille Raquin). Je bascule dans la descente vers Vallorcine. A peine ai-je fait 500m que je pointe au poste de Catogne. Une ravissante blonde me fait remarquer qu'elle adore mon numéro de dossard, coquine... Je resterai bien discuter un peu avec ce charmant groupe, mais vu mon état de délabrement avancé, c’est peine perdue et je décide de plonger vers la France. Le début de la descente est laborieux, j'alterne marche et course sur le monotrace peu pentu. Ensuite la pente s'accentue, le terrain est pierreux, les pieds morflent et me font mal. Une partie plus ludique arrive, le monotrace serpente dans l'herbe parfois raide parfois plate. Je rejoins un coureur bien mal en point il avance à deux à l'heure. je m'arrête lui demande comment il va. Il m'indique dans un accent très british qu'il s'est blessé à la cuisse mais que sinon ça va. Je lui demande s'il souhaite quelque chose, un gel, une barre il me répond négativement. Je le quitte, mais il boîte beaucoup je n'ose imaginer, qu'il rejoindra Chamonix comme cela, perso je ne le pourrais pas. Nous croisons quelques randonneurs sur la fin de cette partie. Déjà en contrebas, j'aperçois la remontée mécanique. C'est bon signe Vallorcine est tout près il me suffira de suivre la piste de ski qui suit un large chemin. Je rattrape peu à peu mon retard sur Christophe. Au moment où je rejoins la piste il me précède d'une centaine de mètres. Le panneau de la piste bleu est le 20 j'en déduis qu'il me reste au pire 2km pour Vallorcine. Deux VTTistes sont là avec leur chien, je ne dis rien mais je bave sur leur vélo, que ça doit être bon de se laisser filer dans cette descente... Les jambes sont dures mais le moral est là cela sent de plus en plus l'écurie. Le large chemin fait mal aux cannes, en plus les cailloux qui le jonchent obligent à rester vigilant. Je trouve le temps un peu long sur cette portion ou la vue est bouchée par les arbres. Je finis par dépasser les VTTistes et leur labrador. Après quelques lacets nous atteignons le sentier qui constitue la dernière rampe vers Vallorcine. La descente est plus raide en pleine forêt mais ce sentier me fait moins mal aux quadri. Les maisons apparaissent en contrebas sur la gauche entre les feuillages, la pente s'adoucit le sentier s'élargit devient chemin, nous entrons dans Vallorcine en longeant la voie ferrée. Apparemment le ravitaillement se situe plus loin que l'an dernier. Christophe me précède d'une 20 aine de mètres. Nous virons à droite, apercevons enfin le ravitaillement, franchissons un passage à niveau. J'entre dans la tente accueilli par akunamata. Mais comment a-t-il fait pour être aussi vite ici? J'ai l'impression de l'avoir quitté il y a quelques minutes à peine, il est rayonnant. Une petite séance photo avec mon camarade qui m’aide à remplir ma poche à eau avec de la poudre énergétique. Je discute avec les bénévoles, bois deux cocas un bol de soupe puis repars en compagnie de Christophe après avoir remercié nos hôtes. Mon comparse à peine sorti se met à courir. Je regarde ma montre il est environ 19H15, j'ai bien marché sur cette portion depuis Champex. Mais si je me fie au temps mis l'an dernier sur la portion Vallorcine - Chamonix: 2H49 ça me fait une arrivée vers 22H05 soit un temps global d'un peu plus de 27H30. C'est pas mal c'est la première fois du parcours que j'entrevois de manière réaliste d'améliorer le temps réalisé en 2006. Par contre il est clair maintenant que je ne ferais pas mieux que 27H même en m'arrachant. Aussi je reprends ma route en marchant à un rythme soutenu. Mon camarde de course malgré ses relances ne me prendra jamais plus de 20m. Sur cette lente montée vers le col des Montets je recolle systématiquement aux basques de Christophe dès que la pente monte. Finalement après deux passages sous la voie ferrée, l'envie de trottiner me reprend. Aussi j'alterne marche et course au côté de mon compagnon de route. Nous commençons à discuter, il vient de la région toulousaine l'an dernier il avait terminé 92ème et il s'entraine parfois dans les Pyrénées lui aussi. Nous rejoignons la route avant de prendre une portion désertée sur la gauche qui achève de nous mener au Col des Montets. Je suis ravi, il fait encore jour et j'informe mon camarade que c'est le moment de profiter de la clarté pour tracer un maximum notre route. Aussi nous entamons notre descente sur Argentière en courant, c'est impressionnant la faculté qu'on a à courir après un tel périple. Nous traversons une zone horticole parsemée de panneau d'information concernant la flore, le chemin longe un ruisseau. Nous croisons à plusieurs reprises la route, les klaxons se font entendre à notre passage. Nous filons vers un hameau, il ne s'agit pas d'argentière mais de Tré le Champ que nous traversons rapidement. Le chemin est roulant, j'aperçois l'aiguille verte, plus loin on devine l'aiguille du midi. C'est au pied de cette montagne que se situe l'arrivée. Il doit rester un peu plus de 10 kilomètres. Nous finissons par apercevoir un clocher, nous arrivons à Argentières, là l'accueil est euphorique, nous sommes acclamés par la population locale. Ma poche à eau est encore pleine, j'absorbe deux cocas et nous repartons en trottinant des bénévoles nous guident vers la sortie du village. Apparemment personne ne nous suit dans l'immédiat, car nous nous éloignons sans entendre la clameur de la foule d'argentière. C'est bon signe, car sur cette portion finale, nous n'avons ni Christophe ni moi l'envie de nous faire dépasser. D'ailleurs Christophe reprend la course, nous croisons des jeunes qui nous accompagnent en courant un moment. Nous passons sous un pont quittons le beau chemin pour un sentier qui finit par s'enfoncer dans les bois. La luminosité tombe, nous enfilons nos frontales. Contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer en lisant le profil de nombreuses portions sont en faux plats montant. Nous forçons sur la machine et Christophe court partout le cœur monte un peu, l'excitation de l'arrivée. Christophe m'aide à extraire mon portable, j'appelle Christine pour lui dire que nous serons là d'ici 45mn une heure. A la lecture de ma montre, je me rends compte que du coup ça devrait nous faire arriver pas loin des 27H de course. Ah si j'y avais seulement cru un instant! Du coup je commence à prendre des relais incisifs, notamment sur la longue prairie qui nous mène au Lavancher. Je me retourne à plusieurs reprises pour voir si on nous rattrape mais rien à l’horizon. Nous entrons dans le Lavancher où nous sommes contrôlés. Ce village est magnifique, nous le traversons puis entamons la dernière côte de ce parcours 2007, nous l'avalons sans coup férir. En haut un spectateur nous indique que l'on va bientôt virer à droite pour prendre le chemin de descente. Il nous indique plus que 5km de course. Nous plongeons littéralement sur Chamonix, notre allure de course a sensiblement augmenté nous nous situons maintenant au-delà des 10km/h. J'avale un dernier gel histoire de ne pas tomber en panne sèche. Nous rattrapons un coureur, Lionel Trivel, qui tente vaillamment de nous suivre mais décroche suite à nos relances sur les petits faux plats montants. Un groupe nous accueille avec les cloches, ça hurle de toute part, ça fait surtout chaud au cœur. Nous croisons de plus en plus de petits groupes mais nous sommes toujours en sous-bois et la descente n'en finit pas. Finalement nous sortons du bois. J'aperçois l'héliport sur la droite. Nous entamons une large portion à découvert dans des prés, toujours pas de frontale derrière nous. C'est bon signe, d'autant plus que depuis les Tseppes personne ne nous a dépassés. Ce final est long mais super roulant, nous ne devons pas être loin des 12km/h. Ça commence à cogiter je regarde ma montre et si on passait sous les 27H? Mais toujours pas de lumière ni de Chamonix en vue nous repassons en sous-bois. Ce final est long, après un S, nous rejoignons l'Arve et apercevons les lueurs de Chamonix, pour les moins de 27 j'estime que c'est mort mais ça aura été raté de peu. Les encouragements se font de plus en plus nombreux, nous passons à proximité du centre sportif puis devant le collège. On se regarde avec Christophe, le bonheur doit se lire sur nos visage en tout cas il a les yeux pétillants. Je lui annonce que je franchirai la ligne avec mes filles, qu'il ne s'inquiète pas pour moi qu'il passe en premier sereinement. Nous arrivons sur la place sous la clameur de la foule on nous dirige sur la gauche alors que l'on sait pertinemment que le chemin le plus court vers l'arrivée est à droite. Seulement cette année nous aurons le droit à notre bain de foule dans les rues piétonne de Chamonix. Nous nous inquiétons un peu de la longueur de ce final mais la foule de plus en plus dense qui nous accueille chaleureusement nous fait rapidement oublier cela. Comme en 2006 sur les conseils de Yoyo, je profite pleinement de ce bain de foule final, de cette communion entre coureurs et spectateurs passionnées. Nous franchissons une dernière fois l'Arve, plus que 300 mètres. La foule est si dense, nous la saluons de nos bâtons et de nos sourires, la joie est entière, oubliées les douleurs aux quadri et aux pieds. Nous faisons un dernier S, je prends la main de mon camarade nous échangeons un regard intense, nous partageons la même joie. Dernière ligne droite je me place en retrait cherche mes 3 petites princesses. Finalement elles sont sous l'arche, j'embrasse la maman prends la petite Eline dans mes bras, Elena toute intimidée n'osant pas se rapprocher et franchit l'arche avec la petite dernière 9 mois, 2 dents et un sourire inoubliable...

[L’après course]

Les copains sont là aussi, ceux qui sont déjà arrivés comme Gui 6ème et ceux qui ont eu moins de réussite pour cette édition et qui chaleureusement sont venus m'accueillir: Ysolo, L'Castor Jr, Juanfé, Francois, Titi, Koko, Phv... Ils m'apprennent qu'un Wagon Ufo composé d'Eric(Bonnotte), Yoyo, durdur (Nicolas Cointepas), Clierzou63 (Philippe Labazuy) acompagnés du quintuple finisher Jean-luc Pigeault. Passé quelques minutes je me rends compte que je suis bien cuit, les cannes sont raides et j'ai du mal à finir le coca qu'on m'a tendu à l’arrivée, le thé passe mieux. Je promets à ma petite femme que l'année prochaine je n'en serai pas et qu'on passera des vacances normales... J'appelle ma maman et mon papa qui sont heureux et certainement un peu fier de la course du rejeton. La petite famille a suivi toute la course toute sur le Net... Rapidement je prends la direction de la chambre avec les filles. Je passe 1/2 heure sous une douche brulante. Les filles sont radieuses et moi heureux de les retrouver. Les petites vont se coucher, je dis à Christine que je souhaite aller voir l'arrivée des potes. Aussi je me dirige vers l'arche d'arrivée pour acclamer notre cortège de quatre Ufos. Ils arrivent main dans la main, c'est beau ça fera une belle photo pour la plaquette de l'édition 2008. Un grand coup de châpeau à Eric qui s'est accroché alors que ses espoirs de temps canons s'étaient envolés depuis longtemps. Il le dira après avoir franchi la ligne, celle-là il est vraiment allé la chercher elle est presque plus belle que sa seizième place de l'an dernier. Chapeau maestro, bravo aussi à Yoyo qui à cause d'une prépa un peu tronquée n'a pas pu attaquer comme il le souhaitait après Arnuva mais qui réalise une belle course. Après quelques minutes de discussions, je rejoins mes pénates pour un dodo de 4 heures. Je me rends au centre sportif pour me faire masser et crise Gui qui m'indique que cette année il n'y a pas de soin la nuit. Tant pis je suis affamé, je vais aller faire un petit repas. Là je retrouve L'Dingo, on partage le bout de gras et la causette. Il m'annonce que rapace74 est en passe d'arriver. Nous rejoignons la ligne d'arrivée finalement rapace74 arrive en bien bel état, il m'épate. Puis quelques dizaine de minutes plus tard Agnès94 arrive, quelle coureuse impressionnante aussi. Le jour s'est levé et c'est avec Yoyo que j'entamerai cette belle journée de dimanche attablé au café face à la ligne d'arrivée. Les arrivées se succèdent, il me faut rejoindre la chambre, il est près de 10h et les filles doivent être levées. Nous petit déjeunons. Je passe quelques coups de fil et joins notamment deux comparses UFO, Cyr et ThierryM(Thierry Mesange)... Je vais faire une sieste de 2 heures avec Eline. Puis c'est l'heure de nous attabler au restaurant sur la terrasse. Au menu moules frites, ça en jette à Chamonix. Nous avons la visite de runstephane, puis de Phil, Koline et Lafrite. Les deux comparses viennent de boucler ensemble avec brio l'UTMB, Koko a eu moins de chance et a dû laisser filer Paulo et LePiou, Lafrite s'est régalée sur le CCC. Un peu plus tard j'assisterai avec Elena à la cérémonie de remise des prix. Je me suis affalé près de MichelC qui malheureusement a dû abandonner, Francois et Gui ne sont pas loin. Beaucoup d'émotions surtout au passage de notre camarade de course Werner, une fois encore à l'arrivée, cette fois en à peine 30H, quintuple finisher de 68 ans, un monstre sacré. L'arrivée de nos amis Paulo et LePiou(Isabelle) qui passent ensemble sur le podium et sont accueillis en héros. Vincent Delebarre fera un petit tour pour saluer MichelC. Elena s'alongera à moitié sur lui sans s'en rendre compte et moi j'en profiterai pour lui demander comment il a vécu sa course. Il a dû stopper à cause d'un peu trop de fièvre, il a contracté une saleté en début de semaine, il n'a pas trop l'air déçu, il sera à la réunion en Octobre. Voilà ce se termine, mais hasard de l'évènement, peu avant la fin de la cérémonie je rencontre un camarade d'Ecole Lolo (Chambonneau) son épouse et leur fils, avec qui nous décidons d'aller diner le soir. Sur le chemin du restau je croiserai Dawa qui comme son habitude très disponible se laissera aller à discuter un moment avec un anonyme du peloton. Lui non plus n'a pas l'air déçu ça n'était pas un grand jour... c'est la vie. En fin de soirée, avant de rentrer nous coucher nous croisons les parents de Phil dans les rues, nous discutons longuement, puis ils nous apprennent que le fiston se trouve à la terrasse de l'M en compagnie de Lafrite, Koko et Cyril. Nous nous incrustons en famille, à leur table et finissons cette magnifique journée par devinez quoi? De longues discussions sur un certain Off qui se passerait près de Chamonix fin août 2008... Mais chut, il parait qu'il n'y aura pas de place pour tout le monde, un off full étrange non?

[Conclusion]

Il faut bien se l'avouer, l'objectif affiché initialement est raté, mais bon d'à peine 5 minutes, alors vu la prépa montagne très light de cette année, je ne ferai pas la fine bouche. Cette édition 2007 de l’UTMB est un franc succès pour moi. 27H05'02" pour faire le tour de la grande montagne et une place inespérée de 39ème, le contrat est rempli. J'avais estimé qu'en mettant 26H59'59", je serai environ 80ème en raison du plateau particulièrement relevé cette année et de la progression moyenne du peloton. Cependant, l'hécatombe a été particulièrement importante chez les leaders qui se battaient plus pour gagner que pour finir. Merci à eux donc pour cette place inespérée. Le scénario de la course et la précision de mes estimations, me font croire que l'expérience - j'ai pas dit l'âge - commence à se faire sentir... c'est peut être bon signe pour la suite. Toutefois, j’ai pris moins de plaisir à regarder le paysage cette année, car j’ai plus souvent été dans le dur. La descente vers saint Gervais m’a fait mal et constitue un vrai piège. Je considère que le piège le plus insidieux réside dans le trajet entre Saint Gervais et les Contamines. Un trajet particulièrement roulant ou beaucoup d’entre nous se sont mis en sur régime, parfois de manière irréversible. Je ne sais pas à ce jour si je reviendrai en 2008, ma marge de progression est désormais ténue et au regard de ma forme et de ma prestation, je ne me vois pas passer un jour sous les 25H. Il est difficile d’envisager de revenir pour faire moins bien…et pourtant c’est ce qui me pend désormais au nez. A moins de tenter un coup folie, avec une stratégie à la Yoyo, à fond dès le début … qui sait…

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