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Pour moi c'est toujours le bonheur quand je me dirige vers les montagnes, vous pouvez imaginer avec quelle excitation je quitte Clamart direction le terrier de la marmotte au bord du lac du Bourget. La route passe vite plein d'image en tête, l'excitation de rencontrer des camarades du forum UFO en live. J'avais prévu de me faire tout le trajet par autoroute jusqu'à Chambéry mais au dernier moment je jette un œil sur la carte et je vois une ouverture par la vallée du Bugey. Bon choix les paysages sont magnifiques et me donnent déjà envie d'être en course. Plus je me rapproche de chez notre cher marmotte plus la pression monte. La route finit par déboucher au sortir du tunnel du chat sur le Lac du Bourget, à quelques minutes du gîte. J'arrête la voiture sur le bas côté et traverse la route pour profiter du paysage. Le bouchon dans le sens inverse est impressionnant, ceux qui passent tous les jours ici se demandent peut être ce que je peux bien regarder. Mais on ne se refait pas, la montagne c'est beau surtout quand on en est séparé la plupart de temps. Je reprends le véhicule et arrive à l'entrée du Bourg, bien sur je ne connais pas l'adresse exacte de Dominique. Passage de coup de fil à la marmotte, mais c'est le répondeur au bout du fil, mince j'aurais peut être du demander un plan. 3 minutes plus tard mon coup d'adrénaline retombe, la marmotte me rappelle, "t'es où? ... Ben je ne sais pas trop ...Ah ok Bon on est là dans 5mn, je suis avec Olivier91…".

A peine le temps de profiter de la vue du lac et nos deux UFOs arrivent. Peu après, au gîte, c'est la rencontre avec Sandrine et Maman marmotte qui nous accueille dans le célèbre terrier.

Les discussions vont bon train, course, matos, bobos..., et deux nouveaux UFOs arrivent didierP et Olivier74. Les discussions reprennent dans la bonne humeur, mais il est temps d'aller chercher Soul94. J'accompagne Marmotte à la gare de Chambéry, une occasion de plus de voir du paysage et de discuter avec notre cher hôte.

De retour au terrier, avec Soul, nous nous dirigeons vers la salle à manger où, à peine le temps de s'installer, l'apéro nous attend. Après l'apéro, on enchaîne sur une délicieuse salade de pâtes concoctée par marmotte, merci encore Chef! Pas besoin de se forcer je me régale et ca c'est le top, demain les réserves seront là. C'est vrai qu'on s'est fait plaisir et qu'on n'a pas bu que de l'eau, mais on a aussi bu de l'eau. Vers 23H30, on plie bagage direction les chambres pour un somme qui risque de n'être qu'une sieste. Le noir se fait chacun se glisse dans son sac de couchage. Le rouge a laissé quelques traces, mon rythme cardiaque est un peu élevé, mais le sommeil me gagne rapidement.

A peine le temps de rêver, ca y est c'est l'heure, le temps de dire bonjour et de s'habiller on se retrouve dans la cuisine du terrier pour le petit déj. La collation absorbée, nous prenons le départ pour, un saut de puce de 20mn qui doit nous amener au Cruet. La veille je n'avais pas relevé mais avec marmotte on avait mis près de 20mn pour aller à la gare de Chambéry ;-) Bref on part vers 3H30 à trois voitures, marmotte nous précède et trace la route (c'est une image;-)). Les minutes passent puis les quarts d'heures et moi comme d'habitude je me stresse pour rien, mes compagnons de route (Soul et Olivier91) ont dû halluciner Merci marmotte pour le coup d'adrénaline, ca a du bien m'aider au départ. Finalement, tels des coucous suisses, nous arrivons à 4H14, soit 1mn avant la fermeture du retrait des dossards. Ouf!

On est accueillit dans une salle communale bien sympathique où les bénévoles s'affairent à servir des cafés, donner les dossards, contrôler les sacs... Une fois le rituel de l'avant course fini, je commence à me détendre. Je fais connaissance d'un certain nombre d'UFOs dont Patrak et Titi (que je m'étais promis de saluer, connaissant un peu son frère jesus) et d'autres dont malheureusement mes neurones n'ont enregistré que les visages er pas les pseudos (dont je pense gilledoche et antranik…). Je croise quelques connaissances, on se salue, ca a un côté réconfortant de retrouver des visages, rencontrés sur d'autres épreuves et devenus familier. Après le briefing d'avant course où Jean Paul Fourtin, trailer et organisateur de l'épreuve, nous décrit les conditions de course et nous rappelle les principaux points à respecter pour le bon déroulement de la course, nous sommes appelés sur la ligne de départ.

La pression monte, ah oui j'avais oublié, mon objectif du jour c'est de faire 12H mais plutôt 11H59'59"99 histoire de pouvoir dire que c'est passé en moins de 12H y a des centièmes de secondes qui valent des heures ;-). La frontale est allumée, les bâtons sont dépliés, dernier check-up la nok a été placée aux endroits stratégiques, rien ne manque nourriture, pq, Sporténine... Les paroles et les sourires s'échangent toujours entre coureur mais un peu plus crispés, du bon stress d'avant course 3, 2, 1 c'est parti, le départ est lancé.

On traverse le village du Cruet, de nuit on n'y voit trop rien, les commentaires des coureurs rompent le silence. Sur cette portion plane, je pars à un rythme relativement bas, mais j'ai prévu de faire la première montée à un bon rythme, c'est la première véritable ascension de l'année et je veux voir si les cuisses, habituées aux petites côtes d'Ile de France, répondent bien. Peu avant d'entamer le premier raidard de la journée, je me retourne sur un petit groupe de coureurs bien agités et bruyants d'où les plaisanteries fusent. Et qui je vois, un grand Monsieur du trail, Werner, coureur Suisse exceptionnel, immensément sympathique, et sur lequel le temps ne semble pas avoir d'emprise.

Moi qui n’en rêvais même pas, je vais pouvoir être le spectateur privilégié d’une force de la nature en pleine action. Ca durera le temps que ca durera mais quelle chance. Je monte à un très bon rythme le polar indique 172bpm, c'est bien, il reste un peu de marge, mais à peine la limite étant fixée à 175 de max. Petit à petit ca accélère, on passe quelques coureurs qui s'écartent. A deux reprises je me retourne pour demander à Werner s'il veut passer, il décline l'offre. Passée la moitié, le rythme de mon prédécesseur accélère encore, le souffle est bon mais le cœur monte, plus de 175bpm. Aux trois quart Werner plante une banderille, il nous dépasse et nous met littéralement un vent, tout simplement impressionnant ! Je décide d'accélérer pour ne pas être trop distancé et tenter de le suivre le plus longtemps possible sans me griller complètement. Le coeur passe les 180bpm, mais l'écart n'est pas trop important et la fin de la montée se dessine. Ca y est ca fait 3/4 d'heure qu'on est parti première des six difficultés (répertoriées) franchie. Le paysage est somptueux, les sommets enneigés se dessinent dans l'horizon, la journée débute bien. Je profite de la descente assez roulante pour recoller à Werner, on échange quelques mots. On arrive au 1er ravito plus vite que prévu, ca fait pile une heure qu'on est parti, je bois deux verres de coca, ingurgite un morceau de saucisson. Je remplirai la poche à eau comme prévu au 17ème kilo, je repars seul.

Le parcours traverse un village, un peu avant ce village on peut voir un joli lac sur la gauche. Peu après le village, ca monte en faux plat, devant moi quelques coureurs, que je fini par rejoindre au train, parmi eux, notre UFO Michel avec qui, je ne le sais pas encore, nous allons faire un sacré bout de chemin. Je suis heureux de prendre sa roue. On se retrouve à 4-5 coureurs, ca fait le yoyo. Leur rythme n'est pas toujours régulier je reste en queue de peloton, reviens quand ca monte et me fait distancer quand la déclivité baisse. Le moral est bon car je reste avec mes compagnons sans trop de difficultés, pourvu que ca dure. J'en profite pour prendre une barre de céréales et une Sporténine.

On se fait prendre en photo, au loin le grand Colombier se dessine et je me rends compte qu'on n’est pas tout près. Le groupe continue son escapade je suis Michel de près, c'est de loin le plus régulier. Au ravitaillement du 17, on nous a prévenu qu'il fallait faire le plein d'eau car le prochain ravito est dans 18km soit environ 3H-3H30 de course plus loin, on nous annonce autour de la seizième place, je n’ose le croire. Le plein fait, je repars seul, Michel s'attarde un peu. Le parcours fait un grand virage sur la droite puis sur la gauche puis rejoint un dôme ou arrivent des remontées mécaniques ce doit être le Mont Pelat. Le sentier ensuite redescend pour rejoindre la forêt où l'on chemine pour finalement se retrouver dans un pâturage, au pied du grand colombier.

Je décide de prendre un tiers de gel avant cette ascension, et rejoins un petit groupe qui me précède. Le début de la montée se passe bien, la forme est toujours là, je suis sans trop de difficulté mes prédécesseurs. On finit par atteindre le col de la Cochette 3H20 de course. A partir de là, la pente se redresse, à peine trois minutes après avoir quitté le col je vois un coureur qui le franchit en sens inverse, j’apprendrai un peu plus loin qu’il s’agit du premier. Le vent se fait de plus en plus violent mon dossard qui ne tient plus que par trois épingles n'est pas loin de s'arracher. Les extrémités, les mains principalement, commencent à se refroidir, d'ailleurs les premières gouttes de pluie tombent. C'est le début d'une journée qui s’annonce bien humide. J'estime la montée à 20 mn il m'en faudra 23, en fait chaque ressaut laisse place à un autre ressaut, ce genre d'ascension qui paraissent interminables, mais la vue est encore splendide sur la droite. J'absorbe le 2ème tiers du gel. En haut, on ne s'attarde pas le bénévole nous dit de faire attention dans la descente en particulier sur les 500 premiers mètres, il a bien raison, il ne vaut mieux pas se planter sur cette portion, je descends donc prudemment tout en profitant du paysage qui se dresse devant moi, un grand lac au nord et de haut sommets plus à l'est. Je suis le même coureur de puis le début de le montée, nous rejoignons un chalet, deuxième pointage, puis nous repartons selon les bénévoles environ 15èmes à 40mn du premier. Après avoir franchi un névé, un truc non prévu au programme se dresse devant nous un raidillon qui achève la boucle du grand colombier, saleté de montée.

Retour au Col, pile 4 heures de course, pour 28 km c'est mieux que prévu, je fini mon gel, prends une Sporténine puis entame la descente qui doit nous mener au prochain ravitaillement. On croise les coureurs en sens inverse, je n'aimerais pas être à leur place, me dis-je, le temps devient bouché, il pleut de plus en plus ce passage va devenir glissant voire dangereux.

La descente vers Aillon à partir du col est, sur le papier, courte, il me faudra pas moins de 50 minutes pour atteindre ce poste. On passe par un pointage volant, on rejoint une partie plus plane puis on replonge sur Aillon, c'est plus raide, ca fait mal aux jambes et ca finit par un passage dans un ruisseau piégeux pour les chevilles, je reste prudent. Enfin on rejoint une route mais le ravito n'est pas pour tout de suite, il faut cheminer traverser un pont puis, un peu plus loin sur la gauche, on le devine. Ca y est je me pose, absorbe deux verres de coca une soupe et décide de me mettre de la nok au pied gauche qui présente une surchauffe. Plusieurs coureurs sont là. Au moment où je repars Michel arrive, il me demande si ca va, je lui réponds oui que mais ca commence à être dur.

Je repars au bout de 5H de course, je commence sérieusement à croire en mes chances de finir la course en moins de 12H, le tout est de ne pas se griller. La portion qui suit, un faux plat sur route, permet de récupérer un peu et surtout d'avancer, même si je me fais doubler à deux reprises sur cette portion le moral est là. Au bout d'un ou deux kilomètres on reprend un sentier sur la gauche, nous sommes au pied de la quatrième difficulté de la journée. Nous formons une cohorte de 5 coureurs au pied je me fais dans un premier temps distancer, prend un gel un peu de sel de l’eau et petit à petit avec un coureur nous nous détachons du groupe. Peu avant d'arriver au sommet nous sortons de la forêt et derrière j’aperçois Michel qui revient fort, nous sommes au chalet de la Buffaz, 5H45 de course. Un quart d'heure plus tard et 300m plus bas je rejoins le ravitaillement du 41ème km, un groupe de quatre coureur nous rejoignent au sein duquel Michel, poinçonnage, un petit coca et on repart. Nous formons désormais un groupe compact de six coureurs et gravitons toujours aux alentours de la 15ème place.

Un coureur prend le rythme à sa charge apparemment lui et Michel se connaissent bien, ce dernier d'ailleurs lui emboîte le pas, apparemment ils ont décidé d'accélérer car derrière tout le monde s'accroche et ca lâche au train. On monte un col que je crois être la cinquième difficulté mais notre meneur d'allure nous indique que nous ne sommes pas encore dans la grosse montée de la Galopaz mais qu’elle approche. Mince alors encore une côte qui n'était pas sur le profil. Il pleut désormais de façon continue, ca n’est pas si mal que ca on n’a pas trop chaud. On finit par arriver au pied, et c'est comme pour la montée de l'Alpe d’Huez, ca tourne à gauche puis c'est le mur. Je m'accroche à notre meneur qui galope et surtout à Michel qui grimpe vite mais régulièrement, ca ne chôme pas, derrière ca lâche irrémédiablement. On commence à être vraiment trempés et plus on monte plus le vent se lève, on finit par atteindre un faux col, mes deux partenaires s'arrêtent et décident sagement de se couvrir, un peu inconscient, je continue couvre ma tête avec le Buff vulcain et poursuis car je sais qu'il va falloir que je m'arrête pour remettre de la Nok, et j’ai pas envie de me refroidir dans cette tempête. J’effectuerais une pause à l'abri une fois le col passé.

Sur cette portion bien raide qui monte droit dans la pente, je suis étonné de la relative facilité avec laquelle je monte, je rattrape petit à petit deux coureurs qui me précèdent. Arrivé en haut dans une tempête de folie, je me dirige vers un bénévole qui on ne sait comment reste là pour accueillir les coureurs. Comme beaucoup ont du le faire, je lui demande si ca va, s’il n'a pas froid, il me répond que le froid c'est dans la tête. Je suis scotché, lui souhaite bonne continuation et poursuis ma route. Des fois vaut mieux être coureur me dis-je. On rejoint le vrai col après une traversée particulièrement boueuse sur un sentier transformé en patinoire. Là je me rends compte que ca ne rigole pas le bénévole qui est là transmet mon numéro de dossard, prends soin de me demander si je vais bien et me prévient de faire attention au névé qui suit.

Je franchis le petit névé tant bien que mal et là un peu à l'abri, je décide mettre de la Nok au pied gauche, ca caille ici il ne faut pas que je traine je suis frigorifié. Le froid rend mes gestes maladroits, je finis par enduire mon pied de nok mais plus moyen de remettre ma chaussure première crampe et rétrospectivement une des seules de la course, en tentant de renfiler la chaussure gauche, les chaussettes sont pleines de boue. Entre temps un groupe me dépasse au sein duquel Michel et un autre coureur dont j'ai déjà vu des photos dans les magazines de trail, ce dernier d’ailleurs me demande si ca va, je lui réponds par l'affirmative. Décidemment je dois avoir une drôle de tronche 2 fois en à peine 5mn qu'on me demande et ca n’'est pas fini. Je repars 1 ou 2 minutes après leur passage après 7H de course, la descente est gadouilleuse et pénible.

Malgré mes difficultés, je rejoins les quatre coureurs auxquels viennent s'adjoindre 2 brebis égarées à un col ou le parcours fait une épingle à droite, ils avaient tracé tout droit. Le coureur connu d’ailleurs décide de remettre en place les balises pour éviter aux poursuivants de se paumer. Franchement j’aimerais bien savoir qui c’est cet homme grand aux cheveux gris blancs et au regard d’acier que j’ai déjà vu et qui à ce stade de la course se comporte en véritable samaritain, en tout cas un sacré Monsieur. Parmi les deux coureurs égarés, il y a Xavier avec qui je ferais le reste de la course. Comme j'ai eu une crampe un peu plus haut, je décide de reprendre une barre de céréale, de la Sporténine et du sel de magnésium tout en m'hydratant dans cette longue descente.

Pendant de longues minutes, nous formons un petit train et je constitue le dernier wagon. Mais, petit à petit, nous nous faisons distancer et je me retrouve seul avec Michel, il me demande à nouveau si ca va, décidemment ca doit être mon buff ne doit pas m’aller à ravir ;-). Nous entamons une discussion, sur Chevreuse et l’UTMB qui s'achève à un poste de ravitaillement non prévu initialement. Mais qui nous ravi, je prends un verre de coca et c'est reparti, Michel s’attarde et semble ne pas suivre. Je continue rejoin s Xavier qui fait demi-tour pensant qu’il n’est pas sur le bon chemin, puis finis par m'accrocher à la loco Xavier. Une vraie sangsue le val ! On finit par se trouver en bas de la descente, passe le Col du Marocaz, nous sommes pointés 11 et 12, on rattrape un coureur et là surprise une nouvelle montée non prévue au programme part sur la gauche du chemin, ca va elle n'est pas longue, on serpente un peu dans de jolis sous-bois, puis on retrouve le chemin emprunté à l'aller. Ca sent bon le dernier ravitaillement.

Effectivement, une barre de céréale et une Sporténine plus tard, nous y sommes. J’avale une soupe, du coca et repars après avoir salué les bénévoles et 8H15 de course. Xavier de loin m’appelle et me demande si le chemin est le bon, c'est ok il y a de la peinture. Arrivé à mon niveau, il me dit de m'accrocher, ce que je m'empresse de faire même si ca commence à être dur. Quand la pente se redresse je suis plus facilement mais dès que c'est plus plat sa foulée plus longue me distance irrémédiablement. A ce stade nous pensons qu'il s'agit de la dernière difficulté 300 m de d+, avec Xavier nous commençons à discuter, il se présente on se parle de courses ou on était et en particulier de Vulcain 2004 où nous avions déjà discuté ensemble et où les conditions climatiques avaient aussi été rudes. Je sais qu'il a fini en bonne place les deux derniers UTMB et que c’est un sacré coureur, je suis heureux à ce stade de la course d’être avec un coureur de son niveau et en si bonne position, c’est une première pour moi sur un trail montagnard.

Un coureur nous suit depuis le ravito, et se rapproche de nous. Nous arrivons au sommet à 1200m après 8H45 de course. Là commence la descente que dis-je une descente, une traversée interminable puis un toboggan infernal. Sur le début, je me retrouve seul, apparemment, j'ai distancé mes compagnons sur les derniers mètres d'ascension. Je pensais à ce stade que c'en était fini des difficultés au regard du profil, erreur énorme. La descente est en véritable calvaire. En fait il s'agit plus d'une traversée que d'une descente. Je me plante à deux reprises sur le haut et tombe sur le dos. C'est super glissant et le sac à dos me sauve la mise. Je me demande comment ca va être pour les concurrents suivants quand le terrain sera davantage lustré, c'est limite dangereux. Ca n'est qu'un avertissement le reste sera tout aussi pénible avec l’impression permanente de dégager vers le vide d'un sentier transformé par endroits en véritable patinoire. Les cuisses font mal sur cette partie car les appuis sont inexistants. On tire plein sud pendant plus de 30 minutes pour passer de 1200m à 800m à peine. Sur cette portion je me fais doubler par le numéro 5 qui nous suivait dans la montée mais toujours pas de Xavier derrière.

Enfin, j’entame la véritable descente des lacets, le terrain est toujours aussi casse gueule, je me plante plusieurs fois mais au moins on perd de l’altitude rapidement. Un quart d'heure plus tard et quelques glissades sur les fesses plus loin, je rejoints la vallée et le dernier ravito, j'ai rattrapé le numéro 5 qui, lecteur mp3 à l'oreille, reste dans sa bulle et n'adresse la parole à personne. Xavier nous rejoint à ce ravito siège du dernier pointage.

Le 5 s'empresse de repartir, Xavier lui emboîte le pas et m'incite à le suivre ca fait 9H30 que l'on court. Je dis à Xavier de partir, qu’il fasse sa course, je ne veux pas lui faire perdre de temps. Il faut dire que je suis à la ramasse, cette dernière descente m'a bien usé, il me fait signe de suivre je m'exécute mais prends rapidement plusieurs mètres dans la vue. Le 5 à décidé de nous distancer qu'il le fasse après tout c'est de bonne guerre, il reste quand même 9km la course n’est pas finie. Selon les bénévoles « à peine 2 coups de culs » et on y est, selon le profil du parcours une montée de 100m de d+. Même dans mon état, je me dis qu'au pire il reste 50mn 55mn de course, je me prends à rêver de moins de 10H30! Seulement les deux coups de culs représenteront un total de plus de 350 de d+ et nous passerons 1H14 sur ces neufs derniers kilomètres a priori plats.

Je prends une barre de céréale et un dernier petit gel, car je sens que je faiblis et que la fin va être dure. Elle l'est je fais l'élastique, cependant, à 6 km de l'arrivée, 10 H de course, on assiste à un rassemblement, nous sommes à nouveau tous les trois (le 5, Xavier) on nous annonce 3km de montée et trois de descente!

Il nous faudra 3/4 d'heure pour achever le périple. Dans la dernière montée le numéro 5 nous lâche définitivement, avec Xavier on reste ensemble et on discute on ne sera plus rejoint derrière il n'y a pas âme qui vive à l'horizon. Nous entamons à nouveau une longue discussion. Enfin, on retrouve le chemin du départ ce y est le calvaire va se terminer. On gagne le village, je me refais le film de la course c'est fou d’être là en cette position. Dernier challenge, Xavier me dit de speeder qu'on peut faire moins de 10H45, alors je m'accroche, Xavier m'attends un peu, car là je suis bien cuit, on franchit la ligne bras dessus dessous, je lui dis que je suis super ravi d'avoir fini avec lui et le remercie de m'avoir boosté et attendu sur cette fin de parcours.

Voilà ça y est 10H44! Je n'en crois pas mes yeux, on nous annonce une 10ème place ex aequo en fait c'est la 11ème. Quelle course, aujourd'hui encore j'ai du mal à y croire surtout du mal à imaginer que j'ai pu passer ma journée avec des coureurs qui finissent l'UTMB dans les 100 premiers. Certes le GR73 n'est pas l’UTMB mais c'est très encourageant pour la suite d’autant plus que les conditions climatiques n’étaient pas les meilleures.

Il y a des jours où l'on est sur un petit nuage et bien ce 20 mai je peux dire que j'étais sur un nuage. J'ai d'ailleurs beaucoup de mal à en descendre. J'en ai pris plein les yeux et pour la première fois j'ai eu la chance de courir avec des trailers de référence Werner, Michel, Xavier (47ème trail), et bien d’autres, une journée très instructive.

Après ce sont les retrouvailles avec les amis car comme je l’apprends, la course à été neutralisée peu après notre passage et beaucoup d'entre eux sont déjà là. Une douche tiède mais salvatrice, un massage d'anthologie en compagnie de Patrack et marmotte, et entre les mains d'une très charmante savoyarde. Puis le banquet final, avec les camarades UFos, et les autres, les discussions reprennent de plus belle, quelle course!

Oui, quelle belle course difficile, dans un massif sauvage, organisée de main de maître par l'équipe de Jean Paul Fourtin. Ils ont pris des décisions difficiles mais responsables en privilégiant la sécurité des coureurs, c'est tout à leur honneur bravo à eux pour ce trail unique. La salve d'applaudissement pour remercier les bénévoles et les organisateurs lors de le remise des prix en dit long sur le respect que nous leur vouons pour avoir donné d'eux mêmes dans des conditions difficiles et permis à cette belle course d’avoir lieu.

Je ne m'étendrais pas en remerciement, je voudrais juste remercier une dernière fois les camarades UFOs avec qui nous avons partagé une bien belle tranche de vie et en particulier marmotte pour son accueil et sa gentillesse durant tout le week-end. Un grand merci marmotte à toi et ta maman.

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